Ch.4 Pyla-sur-Mer, ce n’est plus…
comme avant !
Premier tome : La ville sous les pins, origines et développement
Un livre de Raphaël Vialard (publication limitée – commande par souscription)
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Personnages du Pyla
Ch.4 Pyla-sur-Mer, ce n’est plus…
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Premier tome : La ville sous les pins, origines et développement
Un livre de Raphaël Vialard (publication limitée – commande par souscription)
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SECTEURS ET QUARTIERS DU PYLA
Le Figuier
En 1797, Boudon Saint-Amans visite les semis du Pilat, vieux de dix ans. Il se rend à la maison du garde, au lieu-dit Mouleau Le Pyla-sur-Mer, Jacques Clémens, 2006..
La « cabane du garde des semis de La-Teste » construite en planches en 1786 au Moulleau, réparée et couverte de tuiles par les soins du garde et dénommée « cabane Brémontier », menaçait ruine en 1821. On la reconstruit en pierres, briques et bois en 1822 pour la somme de 1850 francs. On la dote d’un puits pour 100 francs. C’est cette maison qui a subsisté jusque vers 1920 Ailleurs, Pierre Buffault dit que la cabane forestière a été démolie en 1918. et où logeait le brigadier forestier.
En 1828, on construit la maison du garde entre la petite et la grande forêt de La-Teste, au lieu-dit Gramuges ou Gaillouneys. En 1850, on achète la cabane de la Barrique, en forêt de La-Teste, et, en 1851, dans la même forêt, la cabane Maubruc, de construction déjà ancienne, est remise à l’Administration des Forêts Histoire des dunes maritimes de la Gascogne, Pierre Buffault, 1942..
Le cinquième jour complémentaire an VI (21 septembre 1798), le garde Dejean, en résidence à La-Teste, dresse un procès-verbal pour délit de pâturage au canton de Moulleau ; au même endroit, le 22 janvier 1806, le même garde constate un délit d’enlèvement de bois.
Le 15 mars 1810, un état des préposés de la sous-inspection des forêts de Bordeaux comprend deux gardes chargés de la surveillance des semis ; ils sont en résidence àLa-Teste et au Moulleau (Figuier) Note sur les dunes de Gascogne, Joseph Bert, 1900, Ministère de l’agriculture. Administration des Eaux et Forêts. Exposition universelle internationale de 1900, à Paris..
Le quartier nord de Pyla-sur-Mer a longtemps été nommé « Moulleau », désignation respectée Orthographié Mouleau, Moulleau, Moulau, Montau, Montaud, etc… suivant les dessinateurs. en 1849, par le cadastre napoléonien. Sur cette carte, à proximité et au nord de la cabane forestière, deux constructions sont appelées « Le forn Four, du latin « furnus » qui a donné en occitan central « forn », que le gascon a transformé en « horn » ; ce devaient être des fours à goudron. de Mouleau ».
En juillet 1814, Guyet-Laprade note que le garde des semis du Moulleau a planté de la vigne, des fruitiers, des chênes verts, a semé des « sapins du Nord » et que tout cela a réussi.
Quel gracieux tableau c’était que cette rustique habitation avec son petit jardin bien cultivé, son vieux puits sur lequel des poules lustraient leurs plumes, et non loin de là ce fameux figuier, vieux vétéran sous lequel s’abritaient, enclos d’un grillage, quelques uns de ses rejetons !
Le Figuier dont le résinier, en 1877, avait doté sa cabane d’un terrain battu qu’à la saison il recouvrait de draps sur lesquels il recueillait les graines de pommes de pin qu’il avait fait sécher au soleil L’Avenir d’Arcachon du 19 octobre 1913..
Rien ne pouvait, au sein de cette nature grandiose et un peu sévère, où le promeneur s’égarait rarement, mieux donner l’impression du calme de l’âme et de la paix du foyer.
La vieille maison forestière portait une inscription relatant qu’en 1870 la mer était à 400 mètres de distance. La mer, en 1925, n’était plus qu’à 150 mètres de son ancien emplacement Histoire des dunes maritimes de la Gascogne, Pierre Buffault, 1942..
L’époque n’est pas très lointaine où Pyla-sur-Mer n’était, le long d’un rivage sans défense, qu’une forêt de pins dont les grandes marées venaient baigner les racines et à travers laquelle serpentait un chemin de sable pittoresque mais désertique.
Sitôt passée, en sortant du Moulleau, la villa « Risque-Tout », à M. Veyrier-Montagnères, tout mouvement s’éteignait. La pignada solitaire régnait en maîtresse absolue jusqu’au vieux Pilat, trouée seulement par un carrefour de garde-feux où s’élevait une maison forestière qui se nommait le Rond point du Figuier.
En 1924, nous arrivons sur une place ronde. Elle doit son nom à un arbre magnifique qui, jadis, offrait aux promeneurs ses fruits et son ombrage. Il est très regrettable qu’on ne l’ait pas conservé ; ce n’était pas un figuier de Barbarie ; le détruire en fut une.
Cette place est un centre d’où rayonnent des routes dans toutes les directions : à l’ouest, l’allée conduisant à la plage ; au nord, l’avenue principale menant au Moulleau ; au midi, son prolongement vers la pointe du sud ; au sud-est, une route allant à l’Éden – de la Côte d’Argent -, lieu de délices dont Ève fut chassée pour avoir croqué, à pleines dents, dans une pomme d’amour ; à l’est, la route de La-Teste en construction ; le premier kilomètre est terminé ; trois autres restent à faire pour que les touristes puissent boucler le circuit au lieu d’être obligés, comme aujourd’hui, de revenir à Arcachon sur leurs pas Pyla-sur-Mer, Albert Chiché, L’Avenir d’Arcachon du 23 mars 1924..
En 1913, l’État se prépare à céder ses terrains de Pilat, ce qui nécessite la fermeture de la maison forestière du Moulleau. Louis Tournié, garde domanial des Eaux et Forêts de 1re classe, est appelé, avec son grade et sa classe, à la maison forestière des Lous Lamanch en remplacement numérique de M. Moreau décédé ; François Galy, même grade, dont le poste à la maison forestière du Moulleau est supprimé est appelé avec son grade et sa classe à la maison forestière de la Salie ; quant à Bertrand Menne, brigadier domanial des Eaux et Forêts hors classe, au poste non logé du Mouleau (Arcachon), brigade n° 2 du cantonnement de Bordeaux Sud, il est appelé avec son grade et sa classe au poste non logé de La-Teste, même brigade et même cantonnement. Le 21 novembre 1924, Bertrand Menne, brigadier de 1re classe et médaillé à la maison forestière du Pyla, sera admis à faire valoir ses droits à la retraite Journal Officiel des 17 janvier 1914 pour Tournié, 25 août 1915 pour Galy, et 26 novembre 1924 pour Menne. Par application des lois des 9 juin 1853, 30 décembre 1913 et 14 avril 1924 sur les pensions civiles et de la loi du 25 juin 1914 sur les pensions des officiers et préposés du service actif des Douanes et de l’administration des Eaux et Forêts.
La Maison forestière a disparu ; le puits a été démoli, rasé, comblé ; le figuier, arraché sans regret du sol avec sa progéniture, a été réduit en cendres… Et aujourd’hui, malgré le peu de temps écoulé depuis le massacre des innocents, combien de mémoires en conservent le souvenir ? Pas une photographie, pas un dessin ne sont là pour rappeler l’ancien état de choses : tout à l’avenir de la future et riche station balnéaire qui devait s’élever sur l’emplacement de la forêt sauvage et imparcourue, nul ne se soucia d’un passé pourtant plein de charmes, personne ne se dit qu’un jour on écrirait l’Histoire du Pyla et que, si l’on n’y prenait garde l’historien manquerait de documents « Une Disparition », Albert de Ricaudy, L’Avenir d’Arcachon du 30 octobre 1927..
Les 3 ou … 4 Sœurs
En 1858, au Pilat, Oscar Dejean trouve l’hôtel des « Trois-Sœurs », tenu par M. Duhaa, et une maison forestière – celle du Pilat -, bâtie à peu de distance de la plage Arcachon et ses environs, Oscar Dejean, 1858..
En 1872, le pharmacien H. Massicault, qui habite 220 boulevard de la Plage à Arcachon, trouve que le Pilat est un site charmant où se trouve la Maison forestière, que l’on doit visiter. Déjeuner à l’hôtel des Trois-Sœurs, d’où les vues sont pleines de beaux aspects Guide illustré du littoral, H. Massicault, 1872-1873…
Nous sommes en 1879. A. L. de Kergoet se promenant avec un ami arcachonnais depuis quinze ans, celui-ci lui dit : C’est ici le Pilat.
Autrefois la dune s’avançait jusqu’au point où nous sommes, et un hôtel modeste, l’Hôtel des Trois-Sœurs, la dominait. Un hiver, la mer en furie a tout emporté ! J’ai passé là, continua-t-il, il y a quinze ans, toute une semaine dans une heureuse solitude. L’Hôtel était, en effet, tenu par trois sœurs, honnêtes jeunes filles qui venaient de perdre leur mère, et dont le père, brave forestier de La-Teste, était appelé au dehors une grande partie de la journée Lettres sur Arcachon, A. L. de Kergoet, L’Avenir d’Arcachon du 27 juillet 1879..
Le baron Émile Durègne de Launaguet, indique « Les 4 sœurs » sur sa « Carte de la Grande Montagne … » dressée en 1901 ; l’hôtel est sur le rivage, à hauteur de « Le Pilat », lieu-dit où se trouvent deux cabanes forestières à proximité du garde-feu du Sémaphore Le Garde-feu du Sémaphore part de l’usine à gaz (derrière la gare) à Arcachon, suit la rue Pierre Frondaie actuelle pour aller, en ligne droite dans la direction sud-ouest, à la cabane forestière du Figuier ; de là, il se poursuit en direction (approximative) du sud, passe à la cabane forestière du Pilat, et se dirige vers le Sémaphore de la pointe Sud..
Rédacteur en chef de « l’Avenir d’Arcachon », Edmond Le Taillandier de Gabory arrive au Pilat et au chalet des Trois-Sœurs Guide d’Arcachon, Edmond Le Taillandier de Gabory, 1896. qui deviendra, aussi pour lui, celui des Quatre-Sœurs, […] cabane tout près des rives du Bassin L’Avenir d’Arcachon du 8 novembre 1903..
Seguin
Dans les lettes de la forêt est enfoui le petit hôtel des époux Seguin L’Avenir d’Arcachon du 28 avril 1909. L’hôtel se situe 11 avenue du Vieux Pilat.. Aussi connu sous le nom d’Auberge de Pissens, signalée ainsi en 1893.
La route du Pilat que nous avons quitté tout à l’heure pour prendre l’allée Robinson et nous rapprocher du bassin d’Arcachon et des villas …, la route du Pilat poursuit sous bois, passe devant la cabane du résinier À ce qui correspond aujourd’hui au n° 5, allée de la Chapelle, se trouvaient deux cabanes forestières à l’aboutissement du garde-feu du Sémaphore ; cabane notée « Mon forestière du Pilat » sur le « Plan guide des excursions sur terre et sur mer à Arcachon » de P. Regnauld, de 1880. précédant une place triangulaire et prend fin, à l’heure actuelle, derrière le restaurant Seguin, que dis-je, le « Grand Hôtel du Pilat » où l’on peut manger, coucher, séjourner. C’est la halte indiquée pour les voitures de touristes Article d’Edmond Le Taillandier de Gabory dans L’Avenir d’Arcachon du 30 avril 1911..
L’auberge de la mère Seguin est réputée pour ses repas landais.
Il faut y demander le tourin traditionnel ou la soupe au poisson, qui ne le cèdent en rien pour le pittoresque à la soupe à la tortue des Frères Provençaux ; car veuillez bien croire, que nos bisques aux crabes, valent bien les bisques d’écrevisses. Un petit Barsac arrose les pièces de résistance L’Avenir d’Arcachon du 16 juillet 1899..
En 1910, Tommaso Antongini (1877-1967), secrétaire de Gabriele d’Annunzio, venu en charrette à sable, débarque au petit restaurant tenu par Amélie, la femme de l’inénarrable Seguin, le vieux résinier des forêts d’Armand Daney. Tandis qu’on lui fait raconter ses chasses landaises, madame Seguin, jolie brunette, qui a 30 ans de moins que son mari, fait sauter le traditionnel poulet aux pommes de terre et aux oignons Pyla-sur-Mer, Jacques Clémens, 1906..
Le dimanche 14 mai 1911, on pouvait voir, à l’extrémité de la route du Pilat, au restaurant Seguin, un automobile (sic), le premier certainement qui se soit jamais aventuré sous ses frondaisons où, depuis des siècles, gîtaient seulement les sangliers, gambadaient les écureuils et nichaient les palombes et les tourterelles. Outre cet automobile, on comptait le même jour, au restaurant Seguin, un landau, deux paniers, deux voitures à sable, une charrette anglaise. Et plusieurs des excursionnistes prirent le thé au « Grand-Hôtel du Pilat » « Route du Pilat », E. de Gabory, L’Avenir d’Arcachon du 28 mai 1911..
Le vendredi 13 octobre 1911, réception charmante par Mme Seguin qui nous fait visiter l’hôtel : six chambres à coucher d’un ou deux lits ; salle à-manger où peuvent tenir trente à quarante personnes ; terrasse-véranda spacieuse ; prix-courant : 6 à 7 fr par jour, les trois repas et la chambre ; déjeuner 2 fr 50, diner 3 fr ; l’été dernier il y a eu dix-huit pensionnaires.
Paysage rêvé au cœur des bois, poétique solitude, région giboyeuse où abondent suivant saison : lapins, lièvres, palombes, grives, tourterelles, bécasses, mûriers, alouettes ; passage favori de tous les oiseaux migrateurs.
Mon ami et moi nous désaltérons dans la riante véranda, qu’ombrage un tradescantia discolor.
Sur le registre de l’hôtel, je consulte la liste des touristes qui ont été en villégiature au Pilat, depuis Pâques jusqu’à fin septembre, et je relève les chiffres suivants : 192 voitures, 21 automobiles, 317 cavaliers, 2 101 piétons.
Nous prenons congé de Mme Seguin toujours affable et gaie ; nous traversons la place triangulaire de la future mairie Une mairie était prévue dans le quartier du Vieux-Pilat, à l’emplacement de l’école., et gagnons les villas de la plage L’Avenir d’Arcachon du 22 octobre 1911..
Lors de sa première tournée du mercredi 1er décembre 1915, à huit heures du matin, le facteur distribue la lettre recommandée suivante que nous reproduisons sans y rien changer :
Hôtel du Pilat par La-Teste (Gironde) Le 30 Novembre 1915 à Monsieur Cichet, directeur du journal L’Avenir d’Arcachon.
Monsieur Cichet,
À partir de ceu jours je vous défant formellement que mon nom figure dans votre journal ny mon hôtel.
Je vous pris dagree mez salutasions.
A. Seguin
En racontant un rendez-vous de chasse ayant lieu à l’hôtel du Pilat, établissement public, en nommant la propriétaire de cet établissement, L’Avenir d’Arcachon a cru exercer son droit. Non seulement nous ne lui causions aucun préjudice, mais encore nous lui faisions une superbe réclame.
Madame Seguin en juge autrement.
Nous nous empressons d’obéir galamment à ses injonctions. Le nom de madame Seguin et les mots : Hôtel du Pilat, ne seront plus jamais imprimés dans ce journal. Albert Chiché L’Avenir d’Arcachon du 5 décembre 1915.
Alors que l’hôtel Seguin est tenu par Michel Chaussade Michel Chausade est né le 28 mars 1880 à Vergt (Dordogne). Le JO du 2 juin 1940 fait état de Marcellin Chaussade, demeurant à Pyla-sur-Mer, à propos d’un jugement en date du 21 février 1940 rendu par le tribunal de première Instance de Bordeaux suite à sa demande d’envoi en possession de la succession de Mme Catherine (en famille Amélie) Pourtau, en son vivant hôtelière, demeurant à Pyla-sur-Mer, son épouse, décédée à La Teste-de-Buch, le 30 novembre 1939. deux chambres, à deux lits, sont réquisitionnées du 1er au 31 mars 1943.
En 1952, Seguin, avenue de l’Océan (?), a 8 chambres et 1 étoile.
Aujourd’hui, l’hôtel est devenu résidence secondaire.
En 1911, tout près du restaurant Seguin s’élevaient le chalet de M. Lumeau Il s’agit de « La Bécassière », 16 avenue des Gemmeurs. Nous y reviendrons. et un autre chalet très récemment construit.
À gauche, avant d’arriver au restaurant Seguin, s’enfuit sous bois un chemin de sable qui mène, à 1 500 mètres de là, à la ferme de Gustave Bestaven, laitier de Moulleau et du Pilat, dans un site ravissant, avec une vue splendide sur la vieille forêt Article d’Edmond Le Taillandier de Gabory dans L’Avenir d’Arcachon du 30 avril 1911..
Cette ferme Bestaven se trouvait probablement à la cabane du pendu, désignée aussi cabane du Bas-Pissens.
Le puits (bouché) existe toujours, mais pas de traces tangibles de la cabane, hormis quelques pierres ou briques par ci par là Source : Jean-Marc Bestaven..
Sur la plage, il y a aussi une « paillote », annexe de l’hôtel Seguin.
On peut la situer à proximité de la villa des Brisants.
La Pointe du Sud
À 12 kilomètres au sud d’Arcachon est une langue de sable qui s’avance dans les eaux. Elle sépare l’Océan du bassin et marque leurs limites respectives.
D’après les cartes dux VIIe siècle, cette rive présentait une bien curieuse particularité qui éclaire la formation de l’ensemble. C’est le « Petit Bassin du Pilat » sorte de baie allongée, parallèle à la côte, séparée de l’océan par une bande sableuse importante et probablement complexe qui s’avançait vers le cap Ferret en véritable « pointe du Sud ». Relié à la Passe Sud – ou « Grande Passe » – par un goulet de plus en plus étroit se formant graduellement à mesure que se rétrécissait la lagune elle-même, ce Bassin en réduction recevait par un court canal les eaux de la fontaine Sainte-Claire située sur sa rive est. La nappe d’infiltration qui alimentait cette fontaine continue à se glisser à la surface des argiles sous-jacentes et vient sourdre aujourd’hui à la base de la grande dune.
Le « Petit Bassin du Pilat » a complètement disparu, laissant, comme souvenir, l’anse du Sud (1812) bientôt effacée son tour.
Cependant, entre 1850 et 1880 se constitua une formation analogue, figurée sur la carte du Conseil général.
Là, se trouvait autrefois un fort qui protégeait l’entrée de la baie, comme l’annoncent des débris de briques et de tuiles dispersés au milieu des sables. Il fut démoli en 1814.
À cette époque, le bassin n’était accessible aux vaisseaux que par ce côté-là ; ailleurs, le détroit n’avait pas assez de profondeur. On appelait, cette entrée, la passe du sud. Elle n’existe plus aujourd’hui Les navires portant les matériaux pour la construction de la ville naissante d’Arcachon entraient par la « Passe Nord » ; elle se porta depuis au sud, et est revenue au nord en 1930. Source : Les gaillouneys ne sont pas érodés par la mer. La propriété des dunes, Bernard Saint-Jours, 1935.(1860) ; les sables l’ont envahie, le gouffre immense a été comblé et l’on s’y promène à pied sec. La nouvelle passe s’est formée du côté du nord.
La Pointe du Sud est une espèce de promontoire arrondi, qui s’avance dans le golfe de Gascogne, au sud de l’entrée du bassin d’Arcachon. On y jouit d’une belle vue sur l’Océan. Divers chemins y conduisent. Citons M. Henry Maret : Plus loin (c’est-à-dire au delà du Moullo)[…] mais irez-vous jamais jusque-là ? des maisons disséminées laissent échapper au travers des arbres les spirales d’une fumée épaisse[…]Qu’est-ce ? […]Évidemment des habitations de naturels[…]
C’est d’abord une cabane de pêcheur, dont la majeure partie est close[…]Les pêcheurs de ce pays possèdent tous une maison, mais se gardent bien d’y demeurer ; ils élèvent tout auprès une hutte difforme, et c’est sous cette hutte qu’ils prennent leurs repas, et probablement leur sommeil[…]Ils sont là, trois ou quatre, hâves, décharnés, hideux, portant de longues barbes noires, semblables à des bandits ; et vous vous reculez instinctivement[…]
Tout à coup, un bruit de clochettes se fait entendre c’est un âne qui
s’avance lentement[…]sur son dos, entre deux paniers, une jeune et jolie femme est assise à croupetons, comme dirait Brantôme[…]Elle s’inquiète peu du qu’en dira-t-on ; elle se soucie moins encore du qu’en direz-vous ? Elle passe et chantonne quelque vieille chanson gasconne[…]Alors, rassuré, vous entamez un entretien avec l’un des brigands ci-dessus décrits, brave homme au demeurant, incapable de tuer autre être que poisson ; il vous apprend que vous êtes au Pilat, qu’il est propriétaire d’un bateau, mais qu’il n’a point à boire.
Du Pilat à la Pointe du Sud, il y a quatre kilomètres, suivant les habitants du pays ; mettez-en dix, et vous approcherez de la vérité. La pointe du Sud est une langue de terre, ou, pour mieux dire, de sable, qui s’avance dans l’Océan, et forme avec le cap Ferret, l’entrée du bassin d’Arcachon. Là, des bouées rouges et noires indiquent les passes, détroit terrible que les vaisseaux ne franchissent qu’avec toutes sortes de précautions, et dont l’horreur disparaîtra le jour où sera exécuté ce sublime travail qui fera du bassin d’Arcachon l’un de nos principaux ports de guerre. On sait d’ailleurs combien le golfe de Gascogne est fécond en naufrages.
La Pointe du Sud est caractérisée par un poste de douaniers Avant la Révolution, il y avait déjà un poste des Douanes (dépendant des Fermiers généraux) qui, après avoir été installé au sud-ouest de la dune des Balises puis sur celle du Vieux fort (1842) en bordure de « la Dune du Pilat semée en 1840 », fut plus tard, peut-être sous la Monarchie de Juillet (1830-1848) transféré au Moulleau et abandonné en 1920. Source : Toponymie – La-Teste, Robert Aufan. Un rapport administratif de 1894 relate que depuis 1884, le poste des douanes s’est abîmé deux fois dans la mer. Source : Revue de Géographie Commerciale de Bordeaux du 1er trimestre 1934 ; rapporté dans Les gaillouneys ne sont pas érodés par la mer. La propriété des dunes, Bernard Saint-Jours, 1935., -poste établi en 1806 – qui, tout le long de la journée s’amusent à battre du tambour. […]
D’Arcachon à la Pointe du Sud, on rencontre en effet trois postes de douanes, sans parler d’un brick qui fait la police du bassin […] Chacun de ces officiers publics visite un vaisseau tous les cinq ans, et, de mémoire d’homme, n’a vu la figure d’un contrebandier. Les brisants et les courants contraires suffisent largement à détourner la fraude De Bordeaux à Bayonne, à Biarritz, à Arcachon, à Saint-Sébastien, à Mont-de-Marsan et à Pau : Itinéraire historique et descriptif, Adolphe Joanne, 1879..
À proximité la Pointe du Sud, donc, sur un tertre qui domine l’Océan et le bassin, quatre piquets de bois supportent une toiture de chaume : c’est la vigie de la Douane Rappelons qu’à l’époque et en ces lieux, les douaniers dont l’effectif excédait rarement quatre agents, logeaient dans une cabane en bois composée d’une pièce formant cuisine, d’un corps de garde où couchait le sous-officier et d’un dortoir pour les trois autres employés. S’y ajoutait, lorsque la « brigade se trouvait être le siège d’une capitainerie, un logement d’homme marié pour le capitaine. – Source : Souvenirs d’un directeur des douanes (1885-1904), Jean Palloc, Michel Boyé 1997..
Entre cette vigie et l’Océan, sur le rivage, presque à la limite des hautes marées, repose, au milieu du sable, un grand bateau ponté servant d’asile aux marins qui, surtout en hiver, font la pêche à la pointe du Sud.
Montons sur la dune la plus voisine du poste ; de là, le coup d’œil est ravissant : en face, le grand Océan dans tout l’appareil de sa majesté ; derrière, un vaste tapis de verdure qui se déroule en plis onduleux comme la chaîne des dunes : à gauche, encore l’Océan qui va se perdre dans l’espace ; à droite, le bassin d’Arcachon, baie immense de vingt-quatre lieues de circonférence, décrit ses gracieux contours. Une épaisse forêt baigne ses pieds dans le cristal des eaux de la baie, l’entoure, presque entièrement, d’une verte guirlande en forme de ceinture qui s’arrête au cap Ferret, à l’endroit où s’élève un magnifique phare destiné à préserver les navigateurs des périls du détroit orageux. Entre ce cap et la pointe du Sud, c’est la passe terrible où sans cesse la vague moutonne, mugit et menace de mort ceux qui osent l’affronter. Elle ne réalise, hélas ! que trop souvent ses promesses.
L’étranger qui visite Arcachon, La-Teste, Gujan, Mestras, les localités qui bordent le bassin, s’étonne de rencontrer une foule de veuves, d’orphelins, aux vêtements de deuil. S’il demande la cause de ce deuil presque universel, il n’y a qu’une voix pour raconter les fréquents naufrages, anciens et modernes, enfantés par le détroit des tempêtes. Tout récemment, le 12 février 1860, un dimanche, depuis longtemps l’état de la mer ne permettait pas à nos marins d’exercer leur périlleuse industrie : enfin, l’Océan se calme et semble promettre une série de beaux jours. Impatients de gagner leur vie, plusieurs de nos pêcheurs mettent à la voile, traversent la passe, arrivent dans l’Océan. Après une pêche abondante, ils se préparent à rentrer : ils sont sur le détroit ; la tempête les surprend : ils luttent contre les flots ; deux chaloupes parviennent à se sauver ; une vague s’abat sur la troisième, l’Angélique, et la met en pièces : tout l’équipage, composé de dix hommes, disparaît englouti par les eaux Les dunes ou Sylva Maria, Jean-Françoisx avier Mouls, 1860.. […]
Le matin une soupe spartiate, quelques tranches de pain, quelques grains de sel, cinq ou six gouttes d’huile et de l’eau chaude à discrétion. À midi, un morceau de petit lard grand comme une pièce de cinq francs rissolé. Le pain était saucé dans la graisse fumante. Enfin, le soir, soupe identique à celle du matin Souvenirs d’un directeur des douanes (1885-1904), Jean Paloc, Michel Boyé 1997. ».
En 1909, deux douaniers du poste de la pointe du Sud Le poste de la Pointe du Sud semble avoir été déplacé au Moulleau avant 1833, tel que le relatent alors MM. Boyer-Fonfrède et Mareschal. Celui dont il est question ici doit être celui de la Salie évoqué plus loin. voulant améliorer l’ordinaire, mangèrent Agaricus Sulfureus qu’ils avaient confondu avec Agaricus Arenarius (il ne s’en distingue que par sa couleur soufrée plus prononcée et plus brillante, et quelques modifications dans le pied) : l’un fut emporté en quelques heures ; le second, après les symptômes les plus alarmants, que vint compliquer un abcès énorme de la marge de l’anus, finit par guérir Arcachon, ville de santé, Docteur Fernand Lalesque, 1919..
La Douane de Cazaux – La Salie
Un autre poste L’Atlas départemental de la Gironde, 1888, indique, probablement à tort, un poste de douane à la Corniche. Le 1er octobre 1843, la capitainerie de Biscarrosse, supprimée, est remplacée par une capitainerie installée “ administrativement ” à Cazaux, mais “ physiquement ” à La Sally. Gabelous en Pays de Buch, Michel Boyé, 2014. des douanes – poste dit de Cazaux – existe plus au sud, à la Salie. Celui-ci fut construit (tout d’abord, une simple cabane en bois), en 1843, pour y transférer les douaniers du poste de Gastes ; il constituait alors la capitainerie de Cazaux qui remplaça, jusqu’en 1867, celle de Biscarrosse dont il dépendait précédemment Toponymie – La-Teste, Robert Aufan. L’inspection divisionnaire de La-Teste comprenait, en 1842, trois capitaineries dont la capitainerie de Biscarrosse, composée de six brigades ou sous brigades dont Cazaux et Le Sud ; la capitainerie de Certes (commune d’Audenge), qui s’étendait sur tout le bassin d’Arcachon et comptait neuf brigades dont celle du Pilat ; enfin, la capitainerie des Genêts qui avait huit postes. Cette organisation fut modifiée en 1850. Les vingt-trois brigades du l’inspection furent réparties entre quatre capitaineries, Cazaux remplaçant Biscarosse et création d’Arès. Souvenirs d’un directeur des Douanes (1855-1904), Jean Paloc, SHAAPB, 1997..
Ce poste, invisible de la plage, est indiqué par un grand bâton fiché sur le haut de la dune. Il en est de même pour tous les autres postes de douane. Jusqu’à l’Adour on voit encore d’autres bâtons sur le sommet de la première dune, mais ils sont moins élevés et ils ont été placés, paraît-il, par les forestiers pour servir à des alignements Notes sur le littoral d’Arcachon à Bayonne, Dauzats, Bulletin (Société de géographie commerciale de Bordeaux), 1878..
La capitainerie de Cazaux, sur son quart de siècle d’existence, vit se succéder à sa tête une dizaine d’officiers :
– Joseph, Roch, Célestin Oraison qui, après avoir transféré le siège de sa capitainerie de Biscarrosse à Cazaux, eut à assurer la translation du poste de Gastes à La Saly. Il quitta Cazaux le 1er octobre 1845 ;
– Maurice, François Robert, après plusieurs mutations, il vient décrocher ses galons de capitaine à Cazaux, le 1er octobre 1845, avant de gagner Blaye le 1er juin 1846.
– Louis-Napoléon Chéret, ne fut affecté à Cazaux, une première fois, que pour quelques mois, puisqu’il rejoignit les Genêts le 1er octobre 1846, avant de revenir à Cazaux le 1er février 1850 jusqu’au 31 octobre 1851 ;
– Amable Lubais, promu capitaine à Cazaux le 1er octobre 1846, devait solliciter, fin 1848, son changement de résidence : non seulement, il souffrait depuis plusieurs mois de fièvres intermittentes, mais “ la côte de Cazaux a été si fatale à la sante de (sa) femme – Geneviève, Ernestine Plaisant – et de (son) enfant qu’ils se trouvaient en traitement à La-Teste ; il obtint, le 1er mai 1849, le poste de Mortagne où il prit sa retraite le 1er janvier 1852 ; il décèdera le 5 mars 1855 au Val de la Haye qui l’avait vu naître 53 ans auparavant ;
– Charles Latour, fut affecté à Cazaux le 1er mai 1849 avant d’être appelé aux Genêts le 1er février 1850 ;
– Pierre-Evariste Jousset, promu capitaine à Cazaux le 1er novembre 1851 ; il retrouva Mortagne le 1er janvier 1852.
– Victor, Fulgence Farjenel, affecté à Cazaux le 1er janvier 1852, il obtint, le 1er mai 1859, sa mutation pour Cubzac ;
– Honoré Fourou (alias Faurou), c’est avec sa promotion au grade de capitaine qu’il fut – pour son malheur – affecté le 1er mai 1859 à Cazaux, sous les ordres directs de l’inspecteur Pontallié Jean Paloc, dans ses Mémoires, en trace un portrait au vitriol ; il est vrai que le mémorialiste avait eu à souffrir du comportement de l’inspecteur de La-Teste. Mais il ne fut pas le seul. Honoré Faurou, devait garder un cuisant souvenir du séjour testerin de Jules Pontallié que les pensionnaires de la caserne de La Sally virent, sans le moindre regret, partir pour Boulogne, le 1er mars 1866.. L’accident dont fut victime le garde forestier Courrège, en juillet 1861, allait avoir de fâcheuses conséquences : Fourou fut envoyé au purgatoire aux Genêts le 1er janvier 1862 ;
– Jean Fouet, né le 16 avril 1820 à La Teste-de-Buch, fut affecté comme capitaine à Cazaux le 1er janvier 1862 avant de passer à Arès le 1er juin 1866 ;
– Louis, Simon, Joseph Nogier, promu capitaine à Arès le 1er juin 1866, fut désigné en fait pour la capitainerie de Cazaux, dont il transféra le siège à Biscarrosse le 1er novembre 1867.
Depuis une décision du 8 mars 1844, chaque poste des Douanes pouvait faire pacager deux vaches et un cheval dans les forêts domaniales, moyennant une redevance de 3 francs par tête de bétail. Mais depuis la mise en vigueur de cette mesure, les douaniers s’estimaient lésés car ils étaient au moins quatre par poste. Ce n’est qu’en août 1865 qu’ils obtinrent gain de cause : trois têtes de bétail étaient octroyées aux postes du Sud ainsi qu’à celui de Cazaux (La Salie), deux au poste du Pilat (alias Le Moulleau).
Le 5 juillet 1861, le garde forestier Courrège était grièvement blessé par un taureau sauvage près du corps de garde de La Salie. Témoins de l’accident, deux douaniers de la capitainerie de Cazaux, vraisemblablement très effrayés par l’animal et ne se sentant pas l’âme de toreros, crurent le garde tué et s’enfuirent prévenir leur capitaine. Quelle ne fut pas la surprise de celui-ci, lorsqu’il vit arriver à la caserne la victime, toute ensanglantée, quelques heures plus tard. Aussi, l’inspecteur de La-Teste Jules Pontallié accusa-t-il le capitaine Fourou et ses hommes de lâcheté : il fallait – leur écrivit-il, marcher au taureau et le tuer !
N’ayant pu déterminer à qui appartenait le taureau redoutable, les Eaux et Forêts rappelèrent quelques principes essentiels : En ce qui concerne les bestiaux que les gardes, les préposés des douanes et les employés des Ponts et Chaussées sont autorisés à faire pacager en forêt, il convient de prendre des mesures convenables pour que ces bestiaux ne soient admis au pâturage qu’au nombre fixé et qu’ils soient gardés. Ensuite, les animaux dangereux devaient disparaître. Enfin, la déclaration du nombre et de l’espèce des bestiaux devait être faite tous les ans au mois de novembre Gabelous en Pays de Buch, Michel Boyé, 2000..
Une avenue de sable – un grand garde-feu conduit de La Salie à la dune littorale, où la Côte d’Argent se développe dans son effarante immensité rectiligne, surtout si l’on tente, sur une échelle branlante, l’ascension d’un petit mirador d’où l’on aperçoit aisément : au nord, la pointe du sud d’Arcachon et la grande Dune du Pilat ; au sud, très loin, les petites maisons de Biscarrosse-plage ; plus loin encore, des deux côtés, la buée incertaine où se confondent les poudres d’or et de diamant des sables et des embruns emportés par la brise La côte d’argent : partie méridionale, Maurice Martin, 1906..
La pointe du Sud est souvent le but des promenades en bateau Le tarif du bateau à vapeur pour l’excursion à la Pointe du Sud est de 2 francs première classe et 1 franc 50 centimes deuxième classe. Guide de l’étranger à Bordeaux et dans le département de la Gironde, Charles Cocks, 1869. ou à cheval de nombreux baigneurs. Elle a eu la visite du ministre Jules Ferry et sa famille en mars 1883 Lex IXe siècle du 26 mars 1883..
Déjà, en novembre 1864, Gustave Pontallié Gustave Pontallié, employé des Douanes, se marie en 1868 avec Élisa Hameau, fille de Jean Hameau Gustave est le fils de Jules Pontallié, inspecteur des Douanes de La-Teste. avait mis « à la disposition de la Société Scientifique d’Arcachon, la péniche [douanière] « L’Hirondelle » pour les excursions à la pointe du Sud » Une institution respectable : la Société Scientifique d’Arcachon, Michel Boyé, 2016..
Une véritable excursion consiste à louer une voiture pour la Pointe du Sud. Cette voiture est construite ad hoc, avec des roues à larges jantes, car il faudra faire quatorze kilomètres dans le sable, sous les bois. On va par la forêt, et l’on revient en suivant la plage, ou vice versa suivant l’heure de la marée.
Pour y arriver on passe à Moulleau, au Pilat, au chalet des Trois-Sœurs, à la maison forestière.
À marée haute, il est plus prudent et souvent même nécessaire de prendre la route de la forêt qui rejoint, à la cabane de Hourn Peyran, le chemin direct de La-Teste au Sémaphore Des sémaphores apparaissent simultanément vers 1815 au Cap Ferret et à la Pointe d’Arcachon, qui seront détruits en 1835. Un est rebâti en 1855 à la Pointe d’Arcachon (au droit du garde-feu n° 20) puis détruit par l’érosion en 1896. Étude intégrée du Bassin d’Arcachon, Ifremer Arcachon, 1997.. Le chemin qui suit le fil télégraphique est très fatigant et sans aucun intérêt Guide Joanne, 1892..
Un jour, écrit Jean Paloc, [M. Pontallié] s’engagea imprudemment, quoiqu’averti du danger auquel il s’exposait, sur l’étroite plage du Sabloney, et faillit être submergé par la marée montante. Il ne put se tirer de ce mauvais pas qu’en gravissant à quatre pattes une haute dune à pic Gabelous en Pays de Buch, Michel Boyé, 2000..
Le Sémaphore
Un premier sémaphore figure sur le cadastre napoléonien de 1809 ; il est situé au Cap-Ferret et constitué d’un simple mat, à l’emplacement actuel du phare. Probablement que la Batterie du sud fait aussi office de sémaphore.
Les premiers bâtiments datent de 1815, simultanément à la pointe d’Arcachon (Pointe du Sud) et au Cap-Ferret, (entre La Vigne et le Béqué).
Ils disparaissent en 1835.
Un nouveau sémaphore est construit, en 1862 à la pointe d’Arcachon au sud-ouest du banc d’Arguin, sur une zone dunaire apparemment stable. Jean Michelet, avant de se consacrer entièrement à ses recherches sur l’ostréiculture, dirigeait une petite entreprise de travaux publics : il contribua, sous la tutelle des Ponts et Chaussées, à sa construction.
Vers 1870, un deuxième sémaphore est construit à l’extrême pointe du Cap-Ferret mais, en 1895, il semble urgent de construire le sémaphore à l’emplacement actuel avant que l’autre ne sombre à son tour.
Henry Maret dit encore : Quand un voyageur se dirige vers la Pointe du Sud, il nourrit l’intention de visiter le sémaphore, et le sémaphore se trouve à deux kilomètres plus loin. Il y a route de terre et route de mer. L’été, on peut choisir. L’hiver, il faut d’abord abandonner la mer ; il faut de même abandonner le cheval… nous ne sommes pas ici dans la Sénégambie… aucun chemin propice aux voitures ; reste le moyen de locomotion donné par la nature.
Au delà du Pilat, on côtoie une dune énorme, nommée à juste titre la grande dune. Durant une lieue, on a à droite le flot, à gauche une montagne impossible à gravir.
À la Pointe du Sud, la plage s’élargit, et devient immense.
Voici l’aspect des lieux : Les eaux de l’Océan à l’horizon. Elles se précipitent splendides vers les passes… bouleversement majestueux… les torrents d’écume semblent une fumée blanche ; leur mugissement ressemble à la voix sourde et profonde d’une artillerie. On dirait que là-bas toute une armée rangée en bataille fait cracher sur vous ses mille bouches à feu. Toute cette furie vient expirer à quelque distance, le long d’une bande de sable que l’eau contourne, sans qu’on sache pourquoi cette force a pitié de cette faiblesse ; pourquoi ce géant qui couvre les deux tiers du monde épargne ce grain de poussière. N’importe ; il se replie, l’enveloppe, et, s’il est terrible au delà, devient en deçà si tendre et si candide, qu’on dirait un colosse qui embrasse un enfant Arcachon : promenades à travers bois, Henry Maret, 1865. Même si le dernier passage s’adresse au Cap-Ferret, nous l’avons adopté..
Le facteur rural que nous voyons à cheval fait le service de Cazaux aux dunes de la pointe du Sud ; il dessert le sémaphore et les différents postes douaniers. Il serait complètement impossible de faire ce long trajet à pied dans ces dunes de sable où l’on enfonce jusqu’au-dessus de la cheville, la voiture elle-même n’y arriverait pas, et la bonne petite jument que monte le brave rural seule est capable de grimper et redescendre ces collines sablonneuses des grandes dunes. Le service n’a lieu que tous les deux jours.
Le Sémaphore est de l’autre côté de cette presque île, isolé, perdu sur une hauteur. Il est pourvu de tous les appareils de signaux qui permettent de communiquer avec les vaisseaux qui sont en pleine mer Guide d’Arcachon, Edmond Le Taillandier de Gabory, (rédacteur den chef de l’Avenir d’Arcachon), 1896.. Le Sémaphore appartient au ministère de la Marine ; c’est une œuvre charitable, une fondation « militaire » que les pêcheurs souhaiteraient destinée au bien de tous.
Un plan de 1829, et qu’on n’a pas remplacé (l’Administration est obligée de fournir un plan, elle n’est pas obligée de le fournir exact) représentait le littoral d’autrefois : depuis ce temps là, un nouvel îlot s’est formé ; la mer passe où elle ne passait pas, elle a abandonné les bords qu’elle baignait, peu importe… Arcachon : promenades à travers bois, Henry Maret, 1865.
Outre ces communications si importantes, le Sémaphore rend bien d’autres services. Chaque matin il annonce à toutes les communes du littoral l’état de la mer et, s’il y a lieu, défense par l’autorité maritime est faite aux embarcations de franchir les passes et de sortir du Bassin d’Arcachon. Il signale également les navires en danger et il appelle les secours. Il leur indique la situation des passes et la route à suivre. Bref, il est peu d’établissements aussi utiles et aussi curieux, et nous nous intéressons vivement aux explications données avec une modeste simplicité par le Guetteur, dont l’existence en hiver est si rude, et qui parait ignorer le mérite des services si précieux qu’il rend à la marine et à l’humanité au prix d’un dévouement incessant.
Là, sur la dune, sont installés le grand-mât à signaux et le poste du Guetteur. Sur notre demande, l’estimable employé nous explique comment, au moyen de quelques morceaux d’étoffe, de couleurs différentes, disposés de certaines façons, il correspond avec les navires qui paraissent au large. Nous assistons à l’échange d’une de ces correspondances, si ingénieuses et si simples, avec un grand trois-mâts qui venait d’Espagne, se dirigeant sur Bordeaux. À peine reçue du navire, la dépêche fut transmise par le Sémaphore à Bordeaux au moyen d’un fil télégraphique qui le relie à Arcachon Lettres sur Arcachon, n° 13, A. L. de Kergoet, L’Avenir d’Arcachon du 27 juillet 1879..
La salle qui forme l’intérieur du sémaphore se trouve disposée d’étrange façon. Toute une moitié forme un demi-cercle percé de cinq gigantesques fenêtres ; chacune de ces fenêtres donne sur l’Océan ; un mot tracé en grosses lettres indique le point qu’elles servent à observer : N., N. O., O., S. O., S. Au milieu s’élève l’appareil destiné aux signaux, appareil menaçant, machine exorbitante, terrible, informe, une masse imposante ayant l’air d’un maléfice. Figurez-vous une colonne de fer tournant sur elle-même, et entraînant avec elle son énorme piédestal, semblable à un immense polype dont les pattes seraient des roues. À la lumière du jour, cela est immobile, et la grille qui l’entoure vous invite à ne pas approcher ; mais, le soir, cela doit prendre des apparences fantastiques, cela grince confusément, et l’ombre projette aux alentours des formes inconsistantes.
Les employés du sémaphore ont acquis le droit d’envoyer, au moyen du fil télégraphique, les dépêches des particuliers De Bordeaux à Bayonne, à Biarritz, à Arcachon, à Saint-Sébastien, à Mont-de-Marsan et à Pau : Itinéraire historique et descriptif, Adolphe Joanne, 1879..
Vous souvenez-vous qu’on déjeunait chez M. Robion, le guetteur, avec les victuailles des paniers, l’omelette encastrée dans la croûte d’une miche de pain vidée de sa mie.
C’est une rude tâche que celle exercée par ces braves et modestes fonctionnaires, passant les jours, les semaines, les années, dans ces lieux arides et solitaires ; séparés de la société des autres hommes ; ne recevant que, de loin en loin, la visite du porteur de vivres ; perdus, abandonnés sur un coin de terre entre le ciel et l’eau.
Ces guetteurs de Sémaphore sont assimilables aux gardiens de phare, et ceux-ci sont un peu sur mer ce qu’est l’aiguilleur sur les chemins de fer. […]
Les guetteurs de Sémaphore observent l’état de la mer, la praticabilité des passes, et les signalent du côté de terre aux marins qui veulent sortir. Du côté de l’océan, ils communiquent avec les vaisseaux au large, à l’aide d’un alphabet conventionnel, les renseignant si ceux-ci demandent des secours ou un pilote ; leur transmettant des avis sur la terre qu’ils ont en vue, sur les variations barométriques signalées télégraphiquement par ailleurs Le Sémaphore, L’Avenir d’Arcachon du 6 juin 1897..
Pour accéder par les chemins de terre, il fallait franchir l’abrupt des dunes par ce qu’on appelait les échelles. Arrivé sur la plage, entre le poste de douane de la Pointe du Sud et le Sémaphore, se trouvait des huîtrières Oscar Dejean raconte que sur le banc du Matoc il y avait autrefois une petite lagune dont les eaux nourrissaient des huîtres délicieuses. .
Il n’y a plus de Sémaphore, il n’y a plus de guetteur ; la mer ne le veut plus.
Le samedi 5 décembre 1896, le vent soufflait avec force au milieu de grands abats d’eau ; pendant la nuit l’ouragan se déchaînait furieux. Dans la matinée du dimanche 6, le sémaphore corrodé par la mer, s’effondrait sur la plage de la Pointe du Sud.
On en construit un nouveau, de l’autre côté des passes, à la pointe du Cap-Ferret Le Sémaphore, L’Avenir d’Arcachon du 6 juin 1897..
Mercredi 10 septembre 1913,
…
Nous sommes allés jusqu’à la pointe du Sud déjeuner à la maison forestière de la Salie. […] La maison est à l’abri d’une haute dune. Elle domine une vaste plage où déferle l’océan, dont on entend le bruit grandiose à mesure que l’on s’approche. D’un côté, on a la mer, de l’autre, des cimes de forêts. L’endroit a de la grandeur Cahiers, Henri de Régnier.…
Le mois suivant l’Avenir d’Arcachon nous dit qu’après le poste du Pilat qui devait disparaître, c’était la forêt vierge qui reprenait sa course chevelue jusqu’à la grande dune du Sabloney à la cabane des frères Conseil, au poste de douanes. Et ce poste de douanes, trois fois dévoré par les érosions de la mer et trois fois reconstruit, précédait le Sémaphore de la Pointe du Sud Aujourd’hui entre La Lagune et La Salie. . […]
Des cinq canons du Pilat, quatre furent portés à La-Teste et, enfoncés en terre, servirent de bornes à la gendarmerie où on les voit peut-être encore ; un autre, ayant croulé dans la mer, en fut retiré il y a quelques années et placé sur affût de pierre devant le Grand Hôtel du Moulleau.
Sept kilomètres au-delà du poste de douane de Cazaux (La Salie), un petit ruisseau large de 60 à 80 centimètres marque la limite du département de la Gironde. Un vieil habitant du pays prétend que c’est un ancien courant de déversement de l’étang de Cazaux. On s’arrête avec plaisir devant cette eau douce, entourée de plantes et de fleurs qui rappellent la végétation de nos prairies ; c’est le seul cours d’eau ne correspondant pas à un étang, que l’on rencontre jusqu’à l’Adour Notes sur le littoral d’Arcachon à Bayonne, Dauzats, Bulletin (Société de géographie commerciale de Bordeaux), 1878..
Le Bulletin de la Société de géographie commerciale de Bordeaux confirme en 1902 que le Pays de Buch avait pour limite le courant détruit de La Truque ou de Guisosse, où il confinait avec le Born. Ce courant, dont on montre encore des traces dans les bas-fonds – dont la cabane forestière du Prouhoun en est l’évocation – des dunes notamment au Grand-Herbier ou Herbes-Blanques, était le déversoir à la mer des eaux du lac de Cazaux, alors moins considérable, et il est à remarquer que le parcours attribué par la tradition au chenal de Guisosse sert toujours de ligne de démarcation aux communes de Biscarosse (Born) et de La-Teste-Cazaux (Buch). La carte de l’État-major laisse bien deviner pour l’ancien cours d’eau, en arrivant à la dune riveraine de la mer, une déviation au sud d’environ quatre kilomètres à travers une lette, fait conforme au régime des fleuves côtiers. Au sommet de la déviation (nord), se trouve le Grand-Vivier ; en regard de cet endroit, de l’eau coule abondamment à la plage par-dessous la dune. Au bas (sud), sont aussi deux petits viviers, près des postes douanier et forestier. Il reste donc de l’émissaire de Sanguinet-Cazaux des traces certaines Bulletin de la Société de géographie commerciale de Bordeaux du 7 avril 1902..
Le VieuxPilat
Vers les dernières années de l’Empire, quelques riches familles bordelaises viennent, pendant plusieurs étés consécutifs, prendre les bains de mer à Arcachon ; elles s’établissent, soit à l’ermitage inhabité de la chapelle, soit dans des cabanes de pêcheurs ou de résiniers, soit enfin dans les deux postes de douanes récemment créés au Mouëng et au Pilat D’après Arcachon et ses environs, Oscar Dejean, 1858..
En 1886, la région qui va du Moulleau à la pointe Sud compte essentiellement des gardes forestiers avec leur famille, des douaniers, ainsi que 2 guetteurs au sémaphore, chargés de signaler aux bateaux l’état des passes.
Sur le littoral est bâtie une maisonnette de pêcheur, dite des Quatre-Sœurs, croyons-nous ; et un peu plus haut, dans le sous-bois, le restaurant Seguin. Entre deux, les bois sont exploités pour la résine, et il y a, à proximité du garde-feu du Sémaphore (près de la chapelle actuelle du Pilat), une cabane pour loger un des résiniers des Lesca (elle disparaîtra vers 1969 avec l’apparition des lotissements).
Ch.4 Pyla-sur-Mer, ce n’est plus…
comme avant !
Premier tome : La ville sous les pins, origines et développement
Un livre de Raphaël Vialard (publication limitée – commande par souscription)
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Personnages du Pyla
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