Secteurs et quartiers du Pyla

CH 4

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Ch.5 Pyla-sur-Mer, ce n’est plus…
comme avant !

Premier tome : La ville sous les pins, origines et développement
Un livre de Raphaël Vialard (publication limitée – commande par souscription)
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Développement des infrastructures

CH 6

Ch.5 Pyla-sur-Mer, ce n’est plus…
comme avant !

Premier tome : La ville sous les pins, origines et développement
Un livre de Raphaël Vialard (publication limitée – commande par souscription)
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 PERSONNAGES DU PYLA 

 Robinson

En 1844, Mlle de Ruat, fille du dernier captal de Buch, intente au Domaine une action en délaissement de tous les terrains portés au contrat de vente par lequel en 1713 son aïeul avait acquis le captalat. Le Tribunal de Bordeaux, en 1846, et la Cour, en 1848, déboutent la plaignante et reconnaît le droit de propriété de l’État, du fait, pour ce qui concerne le Pilat, que la vente de 1713 ne mentionne pas les dunes ni les lettes.

Il est par ailleurs notoire que, depuis 1787, l’État s’est mis publiquement en possession des dunes. Les dunes offrent d’ailleurs des caractères tout particuliers qui les distinguent des terres vaines et vagues en général : elles sont formées de sables vomis par l’Océan, que le vent agglomère et pousse devant lui ; sous ce rapport, elles participent à quelques égards des lais de la mer Histoire des dunes maritimes de la Gascogne, Pierre Buffault, 1942..

Quand on consulte le cadastre de 1849, on constate une enclave en bord du Bassin, à hauteur du Vieux-Pilat. Il s’agit de l’ancienne possession du sieur de Lauzac, portée au cadastre de 1809 sous le toponyme de « Gartieu » et qui, à cette époque, est éloignée du rivage. Cette enclave est devenue par la suite la propriété de M. Daney, de Gujan-Mestras.

Pour les nantis, l’éloignement n’est pas un problème, sur l’eau pas plus que dans les dunes. Depuis longtemps, les « Messieurs » possèdent leur bateau ; tenant un marin à disposition, ils peuvent, les jours d’été, jouer les Robinson sur les rivages déserts.

Au sortir d’une carreyre qui sinuait dans les dunes […] pour rejoindre au nord de Pissens le chemin de bordure qui continuait tant bien que mal vers le sud en direction du Sabloney, des colons fortunés établirent une tête de pont d’une quinzaine de maisons. C’était comme une réplique rustique du Moulleau, Le Pilat, contemporaine certes mais autochtone, familiale et peu accessible sur ce site d’une exceptionnelle grandeur Esquisse de l’évolution démographique dans le Pays de Buch depuis la Révolution française, Fernand Labatut, bulletin SHAAPB n°70, 1991..

AuPilat, M. Angla S’agit-il de Stanislas Angla, mandataire de commerce, négociant à Bordeaux, 12 rue du Manège ; né le 5 mai 1851 à La-Teste, décédé à Bordeaux le 23 novembre 1931 ? Son père Raymond était terrassier, entrepreneur TP, employé des Chemins de Fer, ce dernier emploi pouvant expliquer la naissance à La Teste-de-Buch. Ce pourrait être, plus probablement, Armand Delphin Henri Anglas, né le 22 juin 1862 à Moulis, fils de Pierre Paul Gustave Anglas, décédé à Moulis le 9 octobre 1870, et de Marguerite Rose Noémie Martin ; Armand Anglas s’est marié à Libourne, le 6 mai 1889, avec Marie-Louise Meyney née le 27 janvier 1868 à Libourne, fille de Jean Meyney, négociant à Libourne, et de Mathilde Labatut. Jean Meyney est le frère de Paul Meyney, beau-père de Jean-Armand Daney. État-civil de Libourne N° 41. s’y installe en 1898.

L’année suivante voici le chalet Thalassa (la Mer) construit par Madame Labassa En 1882, un M. Labassa est élu adjoint au maire de La-Teste. On trouve d’autres familles Labassa, commerçants à Arcachon. Gérard Labassa est nommé greffier pour le canton de La-Teste (L’Avenir d’Arcachon du 29 juin 1930). En 1939, le nom de Labassa apparaît au n° 3, avenue des Fauvettes, sur le plan du lotissement des Hirondelles. deLa-Teste ; la petite villa Maxololu à M. Marcel Ormières L’architecte Marcel Ormières (1853-1941) a construit de nombreuses villas en Ville d’Hiver d’Arcachon. ; Robinson En 1924, il existe un autre chalet Robinson qui est avenue Centrale (18 bd de l’Océan, en 1935), siège social du « Syndicat de défense des intérêts de Pyla-sur-Mer » (Journal Officiel du 10 février 1924). à M. Angla Probablement au n° 3, allée Robinson. Un courrier du 13 août 1929 fait état de « Mme Daney qui a fermé, par une barrière, la route Angla allant à la mer, prolongeant l’avenue des Merles. Ce passage allant à la mer existe depuis plus de trente ans ». protégé par une petite chartreuse, destinée à être un hôtel-bijou que tiendrait, dit-on, M. Manville.

Quand la mer est haute, et que la voiture ne peut se rendre à ces habitations en suivant la plage, on y accède par un chemin paillé, long de trois kilomètres,  à partir de Moulleau, large de 2 mètres 50, et qui a coûté 800 fr à établir.

Nous nous attardâmes quelque peu à visiter les belles propriétés de M. et Mme Angla, situées sur un boulevard dont l’amorce promet un chemin ravissant qui, longeant la mer, pourra joindre plus tard le Figuier au Pilat. Cette villa Robinson, merveilleusement aménagée, est embellie par un petit parc en étages, donnant vue sur la mer, dans une situation d’un pittoresque féerique, un  » voir Naples et mourir «  L’Avenir d’Arcachon du 22 octobre 1911..

On nous permettra de décrire sommairement la propriété de M. et Mme Angla, attendu que toutes les villas et chalets de cette petite côte se ressemblent étonnamment, et que le même sentiment d’admiration est inspiré par eux tous, à savoir le parti surprenant qu’on a su tirer de ce littoral sableux et par conséquent aride, ainsi que les résultats prestigieux qu’on y a obtenus.

La villa « Les Flots » bâtie avec son jardin sur un escarpement sablonneux, est protégée par des perrés d’aloès et de genêts. En haut de l’escalier, une haie de pourpier de mer d’un vert gris-cendré, et de cyprès Lambert en charmille, disposés avec d’élégants buen-retiros En quelque sorte, les lieux d’aisance sont au fond du jardin….

Cette villa, comme « Robinson » sa voisine, possède jardin de fleurs, au nord, et potager au midi. Comme arbres, nous remarquons des saules-pleureurs, mimosas, figuiers, jasmins, glycines, lilas, balisiers, pêchers, poiriers de St-Jean et poiriers d’hiver, rosiers bouquets de mariée, groseilliers, framboisiers, cassis, vignes chasselas, lauriers du Maroc ; comme fleurs : chèvrefeuilles, hortensias, dahlias, tulipes, chrysanthèmes ; comme légumes : pommes de terre, oignons, salades, oseille, fraises, ails, persil.

Au levant, les deux villas sont bordées par une jolie allée de platanes Ces platanes subsistent à l’heure actuelle et bordent l’allée Robinson qui en 1954 (AM LTDB 1T ; plan Kohler) s’appelait d’ailleurs allée des Platanes, et en 1911, allée de la Plage, « voie large de 8 à 10 mètres bordée de platanes, longue de 800 mètres, actuellement en construction avec un wagonnet Decauville ». L’Avenir d’Arcachon du 30 avril 1911.. Les jardins sont desservis par un château d’eau.

Si nous entrons dans « Robinson », nous comptons six chambres, salle à manger, cuisine, billard, chambre de bonne, cave ; et tout près, le second corps de bâtiment attenant à la villa aurait servi d’écuries – rendez-vous de chasse – puis plus récemment (années 1940-50) de remise : hangar à bateaux, canoës, tentes. Il a été aménagé depuis.

« Les Flots » comportent trois chambres, salon, galerie vitrée, cuisine et cave L’Avenir d’Arcachon du 25 avril 1909..

En 1902, le docteur Sabrandez Serait-ce le docteur Sabrazès, professeur à la Faculté de médecine de Bordeaux ? occupe Les Flots tandis que le docteur Lichtwitz Probablement Léopold Lichtwitz (1858-1911), O.R.L. qui publiera avec l’autre médecin bordelais Jean-Émile Sabrazès (1867-1943). loge à Robinson.

Durant l’été 1913, Ève Lavallière est à la villa « Les Flots » D’après L’Avenir d’Arcachon des 31 août & 9 novembre 1902, & du 27 juillet 1913..

La comtesse Nathalie de Gouloubev s’éprend de d’Annunzio lors d’un passage à Rome, en 1908 ; d’Annunzio l’appelle Donatella.

Dans une lettre du 19 novembre 1908, le corps mince de Nathalie et ses longues jambes le font fantasmer sur Saint Sébastien lié à un arbre, alors qu’il est assis à proximité forgeant de nouvelles flèches pour son arc : Nathalie sera le catalyseur pour son dernier drame, le Martyr de Saint Sébastien <spanGabriele D’Annunzio<span: <spanDefiant Archangel, John Woodhouse, 1998..

On apprend que d’Annunzio a installé une maîtresse à la limite de Pyla-sur-Mer : en fait, d’après Robert Fleury, J. Delamare et Dominique Lormier, la comtesse Nathalie Gouloubev La comtesse de Gouloubev est séparée de l’historien de l’art russe et collectionneur de peintures chinoises et de miniatures persanes Victor de Goloubev (1878-1945). se serait installée à la villa Les Flots, actuellement avenue de la Plage La villa se trouve actuellement 1 allée Robinson., pour respecter les convenances vis-à-vis des enfants Goloubev que la comtesse avait fait venir de Paris D’après Robert Fleury, 1993..

La comtesse de Goloubev, aussi étourdissante de beauté que de fortune et maîtresse la plus ancienne en date, qui a quitté son mari pour d’Annunzio, y retrouve en effet le « fugitif ». Au Pilat, la vie a des airs de film de James Ivory : d’Annunzio se promène longuement à cheval, entouré de ses chiens Gabriele D’Annunzio : s’il n’en reste qu’un, Dandy Magazine, 2014..

Selon Guy de Pierrefeux, en 1910 les domestiques se plaignent. Ils doivent faire cinq kilomètres dans le sable pour trouver un épicier ou un boulanger Pyla-sur-Mer, Jacques Clémens, 2006..

 Ève Lavallière

En 1906, M. Seignouret, et en 1911 et 1914, Mme Lavallière Eugénie Marie Pascaline Fénoglio de son nom d’état-civil, est une comédienne puis religieuse franciscaine française, née le 1ᵉʳ avril 1866 à Toulon, morte le 10 juillet 1929 à Thuillières (Vosges). Son père s’est suicidé le 6 mars 1884 après avoir mortellement blessé sa mère d’un coup de revolver. logeront à Robinson D’après L’Avenir d’Arcachon du 6 août 1911 & 23 août 1914.. En 1914, nous l’avons vue admirant l’étoile dont parlait notre rédacteur en chef. Vénus regardant Vénus L’Avenir d’Arcachon du 26 juillet 1914..

Je la vois encore en costume masculin, assise sur la plage du Pilat, que les spéculateurs de terrains n’avaient pas encore baptisé Pyla-sur-Mer. Elle s’amusait avec son chien qu’elle couvrait de baisers. On devinait vite à ses caresses que ce petit homme était une femme passionnée.

Un résinier, qui faisait une entaille dans l’écorce d’un vieux pin, pour y faire couler la résine, me dit : « Moussu ! C’est Ève Lavallière ; on m’a dit comme ça que c’était une grande actrice. » En effet, c’était elle !

Elle habitait alors, sous les grands pins, un modeste chalet bâti sur la dune rongée par les vagues océaniques à 12 kilomètres d’Arcachon.

Gabriele d’Annunzio, avant d’aller habiter un peu plus loin, à Moulleau, avait caché ses amours russophiles sous le même toit.

Ève Lavallière, qui cherchait déjà la solitude propice à l’élévation de l’âme, ne pouvait rien trouver de plus délicieusement solitaire.

Ève Lavallière avait fait venir une amie, Marie Magnier Marie Magnier (Boulogne-sur-Mer, 1848 – Arcachon, 17 juillet 1913) est une comédienne française de théâtre renommée. Elle joue à Paris entre 1867 et 1913  qui portait également le costume masculin.

Marie Magnier était venue la voir dans son ermitage landais, lorsque la maladie de cœur qui la minait depuis quelques années empira soudainement.

Un jour, le cahotement de la voiture à sable qui la conduisait d’Arcachon à Pilat à travers les sentiers forestiers où ne passaient alors que les muletiers et les résiniers, lui occasionna une crise cardiaque. Il ne fallait pas songer à la garder dans cette oasis gasconne où n’habitaient que quelques résiniers et pêcheurs. On résolut de la porter, sans retard, à l’asile hospitalier d’Arcachon, ancien couvent de dominicaines où les sœurs de Saint-Joseph de Cluny soignent les vieillards de la région, tout en conservant quelques chambres pour les malades fortunés.

On fit venir sa fille, Léa Magnier, mariée à un médecin parisien. Cette charmante jeune femme élevée avec austérité par sa mère, vivait dans un appartement voisin de l’hôtel de la jolie pensionnaire du Vaudeville. Détail curieux. La fille n’a jamais assisté à une comédie où jouait sa mère.

La grande artiste, sentant que la mort venait à grands pas, voulut mettre de l’ordre dans sa conscience d’artiste trop adulée. Elle fit appeler le populaire abbé Martin, directeur du collège Saint-Elme, conseiller municipal d’Arcachon, et reçut de sa main les derniers sacrements, avec une foi si ardente, un repentir si sincère, qu’Ève Lavallière, agenouillée au pied du lit de sa grande amie, en fut toute transformée. La mort de son amie, le 17 juillet 1913, lui donna la vie en Dieu. Le lit de Marie Magnier fut pour elle la margelle du puits de Jacob où la Samaritaine rencontra Jésus. Et elle but avec avidité l’eau surnaturelle, offerte par le divin passant.

Ève Lavallière fit le premier pas dans ce chemin de la conversion qui devait faire d’elle la grande et douloureuse pénitente de Thuillières   Articles de Guy de Pierrefeu, L’Avenir d’Arcachon du 25 avril 1926 & 21 juillet 1929. Adolphe Louveau, devenu depuis Fernand Samuel, « Le Magnifique », pseudonyme qu’il prit en devenant directeur de la Renaissance et des Variétés, est le père de son unique enfant, Jeanne (ou Jacqueline) Louveau, née en 1895. Ève s’en sépara en 1897. Adolphe Louveau était propriétaire du château de Saint-Baslemont dans les Vosges, prés de Thuillières, dont elle devint l’héritière, ainsi que sa fille, en 1914. Adolphe Louveau est mort le 21 décembre 1914..

 Camille Becker

La villa Robinson, selon les propriétaires actuels, appartenait, avant la seconde guerre mondiale, à Camille Becker, frère du cinéaste Jacques Becker (1906/1960), qui la vendit aux actuels propriétaires en 1974.

Il est vraisemblable que le chalet visible sur la carte postale de 1900/1905 fut remanié ; il est plausible que la pièce principale, constituée par un séjour véranda dominant le Bassin, date des années 30/40.

En 1974, Camille Becker vend aux actuels propriétaires.

Albert Marquet

Il fait beau et frais sur le bassin d’Arcachon. Si tu viens y faire un tour, tu me trouveras Villa Robinson à Pyla-sur-Mer Carte postale de Marquet à Matisse en date du 2 août 1935 dans Éloge de Bordeaux – Trésors d’une collection, L’Horizon Chimérique, décembre 2009.

Quelques mois de Paris l’ayant remis en place, il partit vers le pays de son enfance. Il avait passé les vacances chaque année chez sa grand-mère, au Teich, où sa mère était née, et ce fut au Pyla, à quelques kilomètres de là, qu’il peignit sur nature son premier paysage, probablement à dix huit ou dix neuf ans.

Nous louâmes une maison dans les pins, qu’un petit escalier de bois reliait à la plage. Des bateaux à voile circulaient là du matin au soir sur une eau le plus souvent calme. À marée basse, une plus grande étendue de sable blond nous en séparait, mais si lumineux qu’il semblait fait pour mettre en valeur les jeux auxquels, pour notre enchantement, elle s’abandonnait.

Des baigneurs, souvent des enfants servaient sans s’en douter de modèle à Marquet ; aussi des pêcheurs. À cette époque, en 1935, Le Pyla put lui accorder la tranquillité qu’il recherchait. Nous le quittâmes au moment où la lumière de l’été commença de fléchir Voyages – Suisse 1968 – Lausanne, Marcelle Marquet. .

Le « Jardin sur le bassin d’Arcachon », exécuté en 1935, présente cette vision miraculeuse de l’eau vue à travers les pins.

Si le petit escalier de bois n’apparaît pas, on devine son existence de par la différence de niveau entre la barrière et la mer. Marquet peint deux voiliers et deux barques qui évitent à l’étale de plein mer. La mer et le ciel se distinguent par une différence infime de tonalités.

L’artiste n’est retourné que très rarement dans sa province natale : il est à Bordeaux et dans le bassin d’Arcachon en 1921 En 1921, Marquet a réussi à passer son examen de chauffeur et obtenu le permis. Il s’est exercé à la conduite en faisant un voyage qui l’a mené de Paris à Bordeaux puis à Arcachon. « À partir de ce moment, écrit Marcelle Marquet, il fit en torpédo tous ses voyages à travers la France, l’Espagne, l’Afrique du Nord et l’Italie » Catalogue de l’exposition Marquet, Musée de Lodève, 27 juin — 1er novembre 1998. de nouveau à Bordeaux en 1924 ; en 1935, il emmène sa femme au pays de son enfance pour lui faire connaître le Pyla.

Ainsi est-il possible de lever un peu le voile sur le séjour d’Albert Marquet et de son épouse Marcelle, accompagnés de leurs neveu et nièce, au Pyla, d’où de nombreuses toiles, huiles et aquarelles, verront le jour de fin juillet à mi-septembre 1935.

Le panorama s’offrant à la vue reste inchangé depuis cette époque, face à l’extrême pointe du Cap Ferret, avec à main gauche au sud, la Dune du Pilat, à l’ouest les passes commandant l’entrée du Bassin d’Arcachon et sertissant l’écrin du banc d’Arguin.

Au pied de la villa, une plage de sable fin et doré, défendu par des perrés, vient border, au gré des marées, le jardin en pente et son escalier.

Pierre, Léopold, Albert Marquet naquît, le 26 mars 1875, au 114 de la rue Pelleport à Bordeaux, mais cette naissance fut déclarée en mairie, avec retard, le 30 mars Archives Bordeaux – cote 365 – du 30/03/1875. par son père Joseph Marquet, employé aux chemins de fer, ce dernier ayant laissé filer le délai légal de déclaration de naissance à l’état civil.

La mère d’Albert Marquet, Marguerite Deyres Sa mère, Marguerite Deyres est née au Teich, le vendredi 8 juin 1849 à six heures du matin, fille du boulanger Paul Deyres – 37 ans- et de Marguerite Bozié – 24 ans- demeurant commune du Teich (33). Les témoins étaient Jean Deyres, 62 ans, propriétaire, et Clément Bozié, 65 ans, propriétaire. Marguerite est décédée le dimanche 25 août 1907 au Teich à l’âge de 58 ans, au domicile de sa sœur, l’acte de décès mentionne son ami instituteur, et le Maire du Teich, Martial Garnung. Marguerite Deyres était une jolie femme aux beaux cheveux châtains, abondants et aux yeux bleus. Marguerite était veuve de son époux Joseph Marquet, décédé l’année précédente à 71 ans (72 ?) en 1906. Les différentes sources bibliographiques et notamment les souvenirs de Marcelle Martinet-Marquet confirment le profond attachement de Marguerite Deyres pour son village natal du Teich, ainsi que celui de son fils Albert. De même, nous savons que Marguerite et Albert Marquet, parfois accompagnés de Joseph Marquet venaient systématiquement passer leurs vacances d’été et de Noël en famille au Teich, arrivant en gare depuis la gare Saint Jean où travaillait le père, cheminot, proche de leur domicile de la rue Pelleport à Bordeaux. Sans doute le petit Albert, confié à la garde de ses grands parents et tante, a-t-il pu découvrir plus longuement avec émerveillement cette région si particulière avec son extraordinaire delta de l’Eyre, et de même a-t-il passé quelques séjours à Arès où le nom patronymique de Deyres subsiste encore., alors âgée de 26 ans, ménagère, était originaire du Teich, où elle passera les étés avec son fils.

Albert Marquet se marie à Alger, le 10 février 1923, avec Marcelle, Francine Martinet 1892-1984, dite Marcelle Marty, née à Boufarik (Blida), algéroise,» intellectuelle, écrivaine et poétesse.

Ils n’eurent pas d’enfants.

Albert Marquet, alors âgé de 71 ans, affaibli, fut opéré de la vésicule biliaire le 14 janvier 1947. Il décèdera des suites de complications, le 14 juin 1947 à Paris, à l’âge de 72 ans.

Son épouse lui survivra près de quarante années, œuvrant à la mémoire de son mari, aidée en cela par son neveu et sa nièce, et restant active sur le plan intellectuel, publiant encore ses œuvres Un ambassadeur discret du Bassin d’Arcachon, Roderic Martin, 2014..

Le monde d’Albert Marquet, est celui de l’eau. L’artiste, natif de Bordeaux, n’aura de cesse de voyager à la recherche de ses subtilités, de ses nuances, de ses reflets.

Ses premiers tableaux sont peints au Teich (1895-1897). Dès 1898, Marquet, devenu parisien et inscrit dans l’atelier du peintre Gustave Moreau à l’École des Beaux-arts, côtoie Matisse, Manguin, Puy et Camoin, et fait ses croquis des bords de Seine. Très vite, il habite sur les quais et commence à peindre le fleuve : il réalise « L’Abside de Notre Dame de Paris » en 1901. Ce tableau de jeunesse témoigne de son goût pour la représentation de l’eau, toujours peinte avec recul et hauteur avec quelque verdure au premier plan pour donner un appui à la contemplation et à l’illusion de profondeur.

La peinture était sa raison d’être, son refuge, son langage écrira son épouse.

Albert Marquet peindra, sa vie durant, des villes maritimes, des ports et des bords de mer Artiste au style figuratif, paysagiste reconnu, il se verra décerner le titre de peintre honoraire du département de la Marine par le Ministre de la Marine au terme d’une carrière durant laquelle il célébra si souvent la mer par ses marines. toujours de cette manière. Ses nombreux voyages vers les ports européens et méditerranéens l’amèneront à Hambourg, Naples, Rotterdam, Alger, Bougie, Venise, Constantinople … sans oublier ceux de France, Rouen, Marseille, Bordeaux… Marquet peint l’eau dans tous ses états : eaux jaunâtres des fleuves après la pluie ou transparentes sous la lumière, eaux lourdes des ports dans la grisaille, sous le soleil ou sous la neige, sous les pluies chaudes du Midi ou glacées de Hambourg. Il ne représente presque jamais la mer en mouvement. Ce sont les eaux calmes du port qui le captivent surtout, ou le lent cheminement des fleuves.

 Maxololu

« Maxololu » Marcel Ormières avait trois enfants : Max, Charlotte dite Lolotte, et Lucienne. En l’église de Notre-Dame, à Arcachon, a été béni, ces jours derniers, le double mariage de M. André Delacour, homme de lettres, et de M. Roger de Francmésnil, compositeur de musique, avec Mlles Lucienne et Charlotte Ormiéres, filles de M. Marcel Ormiéres. Le Figaro du 10 août 1909. Eugène Ormières (1823-1900), ingénieur et architecte, ingénieur de la Compagnie du Midi, il participa à la construction d’Arcachon, et architecte de la Villa algérienne ; il fut maire d’Arcachon (1888-1890). Son fils Marcel (1853-1941) imagina le modèle de la villa de cure et établit le plan de la Ville d’Hiver. Le petit-fils Max assura de nombreux chantiers de reconstruction dans la Gironde après 1939-45. se situe impasse Robinson ; la villa donne directement sur la plage, et possède une immense véranda incurvée en son milieu.

En février 1938, ma grand-mère, Germaine Vialard, loge chez les Henri Nouel qui louent cette villa depuis plusieurs années ; Germaine fait adresser son courrier à « Chinoiserie » qui est à proximité.

Abandonnée, Maxololu s’est dégradée jusqu’à tomber en ruine ; elle a disparu vers 1960.

 Les Brisants

Non loin du Sabloney, le baron de Leusse, M. Saint-Amand, M. Bermond, ont déjà acquis des lots importants de terrains, qui jouxtent la bande appartenant à l’État, la vaste propriété de la Société forestière de la Gironde (à M. Bernardbeig), et celle de M. Daney de Gujan-Mestras L’Avenir d’Arcachon du 16 septembre 1899..

En 1901, ce dernier fait bâtir, par l’entrepreneur Cazobon D’après L’Avenir d’Arcachon du 23 juin 1901. l’important chalet de 15 mètres sur 20 qu’il nomme « Les Brisants Actuellement occupé par le lotissement « Le Parc des Brisants », allée Jean-Armand Daney.« .

 Jean-Armand Daney

En 1871, Jean-Baptiste Meyney (1827-1898), natif de Libourne, est nommé curé de Gujan.

Il compte et apprécie ses ouailles à qui il ne donne pas le bon Dieu sans confession.

Un peu avant de quitter sa paroisse, ayant des nièces à marier, il jette son dévolu sur un homme de biens, Jean-Armand Daney, né le 1er juin 1860 à Gujan. Son père, Pierre-Stanislas Daney La bible du vin, le « Ferret » de 1899, cite « Le Barrail », à Gujan, appartenant à Stanislas Daney et produisant 10 tonneaux de vin. marchand, est lui-même issu d’une vieille famille gujanaise ; sa mère, Marie-Sophie Dubos, est testerine. Que du beau monde !

Jean-Armand Daney est maire de Gujan-Mestras L’arrière grand-père, Jean Daney ainé (1765-1816 / monarchiste constitutionnel) avait été maire de Gujan-Mestras en 1813. en 1904.

En 1907, lors de la campagne électorale pour la réélection du maire, Jules Fillou, qui se dit républicain indépendant, écrit d’une plume acerbe que les paisibles habitants de la bonne commune de Gujan-Mestras, savent que leur Maire est absent et savoure au Pilat, sur la côte d’argent, les délicieuses émanations de le brise marine. On pourrait supposer que notre héros vit dans un « doux farniente » ; erreur, il prépare loin des yeux indiscrets, sa réélection.

C’est l’époque de la pêche aux royans, et chacun sait que selon l’heure des marées, les sardiniers sont obligés d’attendre près des passes, le moment favorable de la sortie en mer. Frappé de cette particularité, il a voulu la mettre à profit et vous verrez de quelle façon il cherche à organiser sa propagande pour capter des voix ; voici le truc : il a embrigadé à cet effet, sous la conduite du gros Amiral Pierre, trois ou quatre énergumènes chargés d’attirer, sur la plage du Pilat, le plus de sardiniers possible et, lorsque la concentration est faite, un compère se détache discrètement et revient un instant après, avec, vous ne devineriez jamais : une cantine de vin.

Disons bien vite que la ration est calculée et qu’elle ne dépasse pas un demi-litre par marin, ce n’est pas grand-chose, avouerez-vous, mais que voulez-vous, on n’est pas large dans la famille…

Puis, peu à peu, la conversation arrive sur les élections prochaines et l’on boit aux futurs succès du généreux maire…

Cet homme, que le seul souvenir du procès des « Jeannoutets » devrait faire terrer et disparaître, nourrit encore l’espoir de capter, par des menées clandestines et par une générosité de parade, la confiance du suffrage universel Arcachon -journal : Organe des intérêts balnéaires, maritimes et ostréicoles du littoral [« puis » Journal républicain indépendant…], du 1er septembre 1907. Directeur-gérant Jules Fillou..

L’Avenir d’Arcachon, dans son numéro du 19 mai 1907, avait rappelé à notre bon souvenir, le procès des « Jeannoutets La parcelle « Jeannoutets-Daney » (5 hectares, surface fixée avec précision dans l’acte de vente) est située au nord et en lisière de la forêt usagère ; elle a été vendue le 11 novembre 1881. Le procès a été jugé, le 29 juin 1903, par le Tribunal civil de Bordeaux. » déjà vieux de quatre ans.

Les Daney père et fils, défendeurs, arguent que leur vendeur leur aurait affirmé l’inexistence des droits d’usage.

Le tribunal décide que les consorts Daney ont eu tort de couper, dans ladite parcelle, des pins vifs pour en faire commerce ; le tribunal leur fait défense de récidiver et ordonne qu’ils remettront les bois dont s’agit aux syndics des propriétaires, chargés de la délivrance aux usagers ; les condamne en 500 francs de dommages et intérêts et aux dépens, ce, solidairement, à cause de leur fait commun ; leur interdit de faire, des arbres restés sur pied, mais taillés à mort, une nouvelle exploitation résineuse, pendant dix ans D’après Louis Rachou, docteur en droit, avocat à la Cour d’Appel de Paris Revue municipale : recueil hebdomadaire d’études édilitaires pour la France et l’étranger, 1er octobre 1904… Cette décision a été publiée dans la Gazette des Tribunaux, numéro 8 du 8 octobre 1903..

C’est Aurélien Daisson qui va occuper le poste de premier magistrat, en 1908. Ce dernier sera battu aux élections de 1912, Jean-Armand Daney remportant 12 sièges, contre 11 à l’opposition.

L’histoire ne dit pas si Armand a versé une double ration de picrate aux pauvres pêcheurs…

Jean-Armand Daney décède, à Gujan-Mestras, le 10 avril 1914.

En 1909, sur la côte s’égrènent déjà neuf villas, en bordure de la mer : « La Russie » à Mme Labassa, « Maxololu » et « Privat » à M. Ormières, « Robinson » et « Les Flots » à M. Angla, « Mon Rêve » à M. Roudey, un petit restaurant à M. Seguin, « Les Brisants » à M. Daney L’Avenir d’Arcachon du 28 avril 1909. En 1911, on note quelques différences :  du nord au sud, en bordure de la mer, « Prima » à M. Ormières, « Talassa », « Maxololu », « Robinson » et « Les Flots » à M. Angla, « Le Rêve » à M. Roudey, le « Restaurant d’été » à M. Seguin, « Les Brisants » à M. Daney – L’Avenir d’Arcachon du 30 avril 1911. À ces constructions, s’ajouteront, en 1911, « Les Genêts », à Mlle Parent ; « La Bécassière », à M. Lumeau ; « Germaine », à M. Lodes ; « Tomy », à Mlle Maisonaube, les villas de M. Doucet, de M. Ballion, la laiterie de M. Bestaven, une villa en construction à M. Cazaubon – L’Avenir d’Arcachon du 22 octobre 1911..

À droite et à gauche de cette petite colonie, s’étendent, sur la côte, des rivages boisés appartenant à l’État.

Et toute la côte deviendra habitée jusqu’à la Pointe du Sud et la Salie, en attendant que la « Route Littorale du Golfe de Gascogne » desserve enfin la plage Océanique, Girondine et Landaise L’Avenir d’Arcachon, des 16 juillet 1899, 23 juin 1901 & 28 avril 1909 ; le dernier article probablement écrit par Edmond Le Taillandier de Gabory..

 La Bécassière

Dès 1910, on cite M. Lumeau, propriétaire de la Bécassière Se situe aux nos 16 & 18, avenue des Gemmeurs..

Le 10 juin 1922, cette villa, avec vigne et jardin, contenance 1 536 mètres carrés environ, est mise à prix (meublée ; 15.505 fr 85), par adjudication, après surenchère, en l’étude de Me Émilien Martin, notaire, 213, boulevard de la Plage, à Arcachon D’après L’Avenir d’Arcachon du 4 juin 1922..

En 1935, lors du relevé du nombre de personnes, propriétaires ou locataires habitant dans les terrains de la Société anonyme de Pyla-sur-Mer, M. Debray, loge 3 locataires et un domestique à la villa « Rustique » ; il possède aussi « La Bécassière », quartier Seguin, alors inhabitée.

Puis vient Georges Grosjean Georges Grosjean (portrait par Foujita, en 1953, au Pilat) était grand reporter géopolitique pour le journal Sud-Ouest. Gaulliste, résistant, il a pris physiquement le contrôle de l’imprimerie du journal « La Petite Gironde » ; il sera neutralisé par Jacques Lemoine, qui crée « Sud-Ouest » en 1944, suite à la dissolution de « La Petite Gironde » comme journal ayant continué à paraître pendant l’occupation. (AM Bordeaux). dont Foujita (1886-1968) est ami intime : la vie du peintre est jalonnée de rencontres et rythmée par ses voyages : Japon, Amérique Latine, Maroc, Espagne, États-Unis et la France, enfin et toujours.

Lorsque la deuxième guerre mondiale prend fin, Foujita traverse une période difficile car on lui reproche sa participation au militarisme japonais. C’est dans ce contexte douloureux qu’il rencontre pour la première fois le journaliste Georges Grosjean, venu interviewer le général Mac Arthur au Japon. L’homme devient son ami.

Georges Grosjean écrit alors au président Vincent Auriol pour plaider la cause de Foujita et lui permette d’obtenir son visa pour la France. Georges Grosjean l’accueille au Havre en 1950.

Foujita se rend à La Bécassière ; cette maison est un refuge, il y trouve paix et repos et y vient autant qu’il le peut. Toujours espiègle et drôle, il partage avec Georges, sa femme et ses deux enfants, Annie et Tony, des moments joyeux et sereins et s’adonne à des plaisirs simples : il pêche, marche, bricole, raconte des histoires, confectionne un théâtre de marionnettes…

Lorsque le 28 octobre 1955, il obtient sa naturalisation, il reçoit de son ami Grosjean, le télégramme lui annonçant l’heureuse nouvelle. L’amitié entre les Grosjean et les Foujita est fidèle, forte et précieuse Notice éditée par Cornette Sain-Cyr..

En mars 1950, peu après son retour, Foujita est donc à la Bécassière lors d’un premier séjour, qui sera suivi de nombreux autres.

La famille Grosjean y possède un caniche nommé Bazooka qui fut vite surnommé Bazoo ; ce surnom affectueux fut ensuite donné à l’annexe de leur bateau.

« Bazoo, 1952 », une étonnante peinture 155 x 145 cm, elle est signée Tsuguharu Léonard Foujita et datée en bas vers la gauche et titrée au milieu en bas. aquarellée et mine de plomb sur brique creuse enduite (estimée aujourd’hui 20 000 à 30 000 €), orne alors un des murs de La Bécassière.

Foujita a non seulement peint cette fresque mais de nombreuses autres tant dans les chambres à coucher qu’à l’extérieur.

On lui doit diverses représentations de la maison.

Hélas, les multiples modifications de cette maison, qui était à l’origine un modeste relais de chasse, ont fait disparaître ces petits chefs d’œuvres privés.

 Le chemin paillé

Dès 1880, il est question d’une route allant d’Arcachon au Sémaphore situé à la « Pointe du Sud » ; on évoque même un tramway ! Le sémaphore a le temps de disparaître, englouti par les érosions, avant qu’aucun chemin en forêt se soit dirigé de ce côté L’Avenir d’Arcachon du 1er décembre 1901. !

La route empierrée et le tramway s’arrêtent au Moulleau, légèrement au sud de l’avenue Saint-François-Xavier. Après ce n’est plus qu’un chemin tracé dans le sable par les voitures à mules qu’empruntent piétons et cavaliers pour se rendre à l’auberge de la mère Seguin.

Le 19 novembre 1891, le Conseil municipal de La-Teste vote deux chemins de bourrage, c’est-à-dire deux chemins ruraux paillés en grépins Le mot « grépin » désigne les aiguilles des pins. Le tapis d’aiguilles de pin est souvent appelé « garbays ». à la mode des Landes, allant de La-Teste, l’un au poste de la Salie à travers la forêt, l’autre à la mer vers le Pilat-Moulleau D’après L’Avenir d’Arcachon du 1er mai 1899..

L’Avenir d’Arcachon, du 6 juin 1897, remémore le chemin de sable tortueux menant au sémaphore Il s’agit du chemin allant d’Arcachon à la Pointe du Sud. et la pause entre les Figuiers et le Pilat, pour voir l’arbousier géant, gros comme un chêne, et dont les frondaisons comptent plusieurs lustres, peut-être un siècle.

Une lettre, datée du 26 février 1898, émanant de l’Inspecteur des Forêts, informe que le Conseiller d’État, Directeur des Eaux et Forêts, alloue une subvention de 500 fr pour le paillage d’un des chemins ruraux précités, dit des Gaillouneys.

L’hebdomadaire local, du 5 juin 1898, annonce la réalisation du chemin rural qui va de La-Teste à la Salie, et souhaite que, par la route de Moulleau, qui relève de la voirie d’Arcachon, on reliât Arcachon avec ce chemin qui conduit à la Salie ; en d’autres termes qu’on établisse un chemin de bourrage de 2 mètres 50 de largeur entre Moulleau et le Pilat.

Le chemin suivrait le garde-feu qui existe entre Moulleau et la maison forestière dite « Le Figuier », puis, par le garde-feu du Sémaphore, il traverserait les terrains de l’État sur une longueur de 800 mètres, puis en bordure à droite les terrains de l’État, à gauche la propriété de la famille Castéra, Lesca, sur une longueur de 300 mètres, enfin celle de la Société Forestière de la Gironde (M. Bernardbeig), sur 2 000 mètres.

En ajoutant dix longueurs de 20 mètres chacune pour garages, chaque 300 mètres, cela donnerait en tout une longueur de 3 300 mètres, à 25 centimes le mètre courant, soit 825 francs auxquels il faut ajouter 675 francs pour les frais de terrassement.

Outre les Castéra et la Société Forestière de la Gironde, M. Daney de Gujan-Mestras pourrait être intéressé, ses propriétés se trouvant à proximité immédiate de l’arrivée de ce chemin L’Avenir d’Arcachon du 7 juillet 1898..

Le chemin de bourrage réalisé par M. Bernardbeig à la mode des Landes et qui permet d’accéder à la dune de Pissens, est terminé le 20 février 1901.

C’est une intéressante excursion à faire aux environs d’Arcachon.

En 1902, MM. Angla, Ormières et Daney construisent le chemin qui, du Moulleau, dessert leurs villas.

Le chemin de Moulleau au Pilat, construit en 1902, emprunté pour l’exploitation des coupes de bois de La Salie, a été rapidement détruit.

La dépense totale, nécessaire à la reconstruction de la route, évaluée à la somme de 4 000 francs, MM. Angla, Ormières et Daney se résolvent de le refaire. Une souscription est lancée en octobre 1910, à laquelle répondront une trentaine de personnes Voici la première liste de souscription pour la Route paillée du Moulleau au Pilat : M. Angla, villa Anne 200 fr ; A. Daney (Gujan-Mestras, 200 fr ; Ormières, architecte, 200 fr ; Lumeau (au Pilat), 100 fr; Princesse de Goloubeff (Paris) 50 fr ; Roudey, 50 fr ; A. Maupomé, 25 fr ; Roumazeille, 25 fr ; Dursac fils ainé, 25 fr ; Jardry, 25 fr ; abbé Boucherit, 10 fr ; Vacher, 10 fr ; E. Grassian (La-Teste), 10 fr; Garcias frères, 10 fr ; E. Barraut, 10 fr ; veuve L. Bermont (Bordeaux), 25 fr ; G. Bestaven (au Pilat), 25 fr ; Capdeville (au Pilat), 25 fr ; Lodes, 25 fr ; Bossuet, coiffeur 5 fr ; Dumartin, cocher, 5 fr ; J. Castets, 5 fr ; H. Vincent, 5 fr ; Gilliotte, 10 fr ; Sainterau (Bordeaux), 5 fr ; Martineau, 5 fr ; Grué, 5 fr ; H. Guilier (Libourne) (Henry Guillier ?), 5 fr ; Robert, 5 fr ; Robert (Lamothe-Dordogne), 5 fr Total de la première liste : 1.110 francs. L’Avenir d’Arcachon du 9 octobre 1910..

Afin de rendre ce chemin accessible et agréable à tous, il est proposé d’en faire une route paillée, depuis la sortie de Moulleau jusqu’à la bifurcation de l’hôtel Seguin au Pilat, avec sortie sur la plage par l’allée Robinson.

Ils sont certains, qu’en raison de cette amélioration, le nombre des touristes s’accroîtra extraordinairement car la route deviendra très praticable et agréable aux piétons, aux bicyclettes, aux voitures de place et aux automobiles.

De plus, peut-on espérer que cette route paillée du Pilat soit l’amorce de ce chemin de corniche dont on parle toujours, et qui doit suivre les bords du Bassin jusqu’à la grande côte de l’Océan.

Le Pilat est peut-être une station nouvelle qui s’éveille. L’amorce de la route, construite par M. Bernardbeig, avait déjà été accueillie avec une faveur marquée. Nous nous souvenons être allés à cette époque, en automobile jusqu’au pied de la dune de Pissens qui était le point terminus de l’excursion D’après L’Avenir d’Arcachon du 28 mai 1911..

 Le chemin du Sabloney

L’unique chemin de sable existant est, sinon impraticable, du moins très fatigant et pénible à parcourir pour les nombreux touristes qui se rendent très fréquemment à pied, à cheval ou en voiture, aux grandes dunes du Pilat, ou qui vont excursionner à la Pointe du Sud par la grande forêt.

En 1898, Jean-Baptiste-James Veyrier-Montagnères envisage, un chemin de bourrage de Moulleau à Dulet (se situe approximativement au parking de la Dune), le coût des travaux étant pris sur sa cassette personnelle L’Avenir d’Arcachon du 28 août 1898..

Mais ce n’est que promesse de campagne !

Quittant le Grand Hôtel du Moulleau lors de l’expédition, du lundi 20 mars 1905, devant le conduire d’Arcachon à Biarritz, Maurice Martin raconte que quatre cavaliers, marchant sur un seul rang, suivis des onze charrettes muletières en file indienne, s’avancent sur la route, prennent le premier tournant vers le Sud, font encore cent mètres à peine sur le macadam, et tout à coup, sans la moindre transition, après avoir dépassé la villa Risque-Tout, c’est le sable, c’est déjà la forêt profonde, c’est, pour la plupart de nous, l’inconnu.

La première sensation qu’éprouve un touriste ainsi embarqué dans un « bros » landais sur ces routes de sable est plutôt étrange. Par ce remue-ménage de ses viscères et de son squelette, c’est le chaos dans les cahots. Mais, sans merci, les ornières succèdent aux ornières, avec parfois, tout au fond d’icelles, quelque dure souche traîtresse oubliée là, qui transforme subitement la balançoire en obstacle de steeple. Pauvre occiput et pauvre coccyx ! Cependant, il y a entraînement pour tout, en ces temps de sport intensif. Peu à peu, la fragile anatomie de l’explorateur finit par s’accoutumer à de telles sarabandes ; et, à défaut de la filanzane Sorte de chaise légère, suspendue à deux barres que soutiennent sur leurs épaules quatre porteurs, et qui sert au transport des voyageurs à Madagascar. Cette définition du terme filanzane a été éditée par M. Claude Augé en 1905, auteur du dictionnaire complet illustré de 1889. que l’on s’attendrait plutôt à voir défiler, silencieuse, dans ces sous-bois perdus, on en arrive, au bout de quelques quarts d’heure, à trouver que le sable est en somme, pour le « bros », un tapis assez confortable, malgré ses ondulations, surtout quand le chemin « paillé » — si c’est un chemin ! — est recouvert d’une épaisse et moelleuse couche d’aiguilles de pins, ce qui arrive par bonheur le plus souvent.

La fameuse voie moderne commencera au point terminus de la route macadamisée de Bordeaux-Arcachon-Moulleau. Le projet y comporte un immense parc d’accès, et la voie spéciale y formera une grande boucle.

Il y en aura une également à l’autre extrémité, sur les bords de l’Adour, en aval de Bayonne, pour permettre, dans certains cas, un circuit sans fin, avec deux voies de chacune probablement six mètres, l’une montante, l’autre descendante, et, sur un des côtés, en dedans des clôtures, mais séparée pourtant de la voie des automobiles, une troisième petite voie de 1 m 50 à 2 mètres, à péage comme les deux autres, réservée aux cycles et motocycles La côte d’Argent : partie méridionale. D’Arcachon à Biarritz. Sur le littoral de Gascogne, Maurice Martin, 1906..

En 1911, de Moulleau, où s’arrête le tramway, le chemin paillé de 4 kilomètres conduit au Pilat, au restaurant Seguin et à la Dune Blanche.

Le Pilat fera-t-il fortune ; comme dit Gabriele d’Annunzio : « Forse che si, forse che no ! » (Peut-être que oui, peut-être que non)  L’Avenir d’Arcachon du 28 novembre 1911..

À la même époque, le syndicat d’initiative d’Arcachon trace un circuit de randonnée dont voici le tracé repéré en forêt : Laiterie du Bocage, sud de la cabane Dubourg, bas de Pissens, cabane de la Famille, cabane de Léon Lesca, l’Éden de la Côte d’Argent, cabane Repetto, Villetorte, Méran, Pied de la Grave, traversée de la dune de Pissens, restaurant Seguin, route du Pilat à Moulleau, le Figuier, chemin des Acacias L’Avenir d’Arcachon du 26 mai 1912 parle aussi de la cabane du Tchot ou des Acacias dont le puits existait encore au début du XXIe siècle ; il a été remplacé par la rampe d’accès au garage de la villa du 20, avenue de l’Ermitage. Son dernier résinier a été M. Silas qui travaillait pour le compte de M. Gaume. Source : Jean-Charles Gauffin. sanatorium protestant et retour par la forêt au point de départ.

Le 27 juin 1911, M. Peloux, conservateur des Eaux et Forêts autorise M. Martial Garnung, du Teich, à passer sur le chemin du Moulleau au Sablonney, dépendant de la Forêt domaniale de La-Teste, à condition de remettre les lieux dans leur état primitif après usage ; le délai de passage est fixé au 31 décembre 1912 AM LTDB..

 Le chemin devient route

En 1917, on travaille activement à la grande route qui conduira du Moulleau au Figuier ; une large avenue est percée. Le déblaiement se poursuit activement ; sur des rails Decauville L’ingénieur Pierre Decauville, master de l’équipage de chasse de Villemarie, est connu dans notre région. un mulet traîne des wagonnets chargés de sable.

Les terrains vendus sont clôturés, notamment ceux de M. Veyrier-Montagnères qui n’a pas dû les payer cher. Heureux homme ! Tout lui réussit. Il faut avouer qu’il est fort habile. La fortune ne lui est pas venue en dormant L’Avenir d’Arcachon 21 octobre 1917..

L’entrepreneur Moncassin s’est engagé à livrer l’avenue, le 1er mars 1918, complètement terminée jusqu’au Figuier. On peut penser qu’il n’aura pas de peine à tenir ses engagements car, début décembre 1917, les travaux sont très avancés. Les ouvriers, généreusement payés 12 francs par jour, travaillent avec le plus grand zèle L’Avenir d’Arcachon du 9 décembre 1917..

Fin décembre 1917, M. Lodes constate que la ville d’Arcachon manque de combustible, d’avoine et de pierres nécessaires à l’entretien de ses routes. Ce n’est pas que les matières manquent, mais elles sont en panne à Bordeaux car les wagons font défaut.

Très bien ! Mais alors pourquoi notre population – d’Arcachon – est-elle à même de voir chaque jour des wagons remplis de moellons destinés aux travaux de Pyla-sur-Mer arriver en notre gare ?

Ainsi la ville d’Arcachon ne peut obtenir les wagons nécessaires pour l’approvisionnement de la population, et une société quelconque a satisfaction pour tous ses désirs ? C’est tout simplement scandaleux ! C’est aussi l’avis de M. le. Maire qui, bien qu’intéressé, dit-il, à l’affaire de Pyla, est avant tout Maire d’Arcachon.

Aussi n’a-t-il pas attendu la réunion du Conseil pour prendre les décisions qui feront cesser cet état de choses. Il va être incessamment reçu par le ministre des Travaux Publics : et il espère bien avoir gain de cause au sujet des wagons.

Pour ce qui est des tombereaux qui transportent les moellons de la gare à Pyla, il va les faire réquisitionner, par qui de droit, pour les besoins multiples de la ville d’Arcachon. La population arcachonnaise peut être assurée que ce scandale va finir immédiatement.

Le Conseil projette de remplacer le cheval et la voiture de la ville par un tracteur automobile. Ce tracteur coûterait certes 20 000 francs, ce qui est lourd pour le budget municipal, mais le cheval coûte annuellement 2 000 francs, et l’on veut craindre de manquer d’avoine pour le nourrir Article de R. Emery, L’Avenir d’Arcachon du 23 décembre 1917..

En 1918, à partir du Moulleau, de la villa Risque-Tout au Figuier où il y aura bientôt un restaurant, D’après L’Avenir d’Arcachon du 6 octobre 1918. nous suivons le trottoir en bois que la Société de Pyla-sur-Mer a fait construire pour les petites échassières qui ne peuvent pas marcher dans le sable avec leurs grands talons.

Au printemps suivant, on travaille activement à la route venant du Moulleau D’après L’Avenir d’Arcachon du 21 décembre 1919. ; la belle avenue est sur le point d’être terminée ; la grève seule a empêché l’arrivée des derniers wagons de grave.

La construction des villas va bientôt devenir possible ; l’eau et l’électricité seront assurées, et les acheteurs avisés qui ont acheté un terrain vont pouvoir bientôt jouir de ce site merveilleux. Nous souhaitons qu’avec l’amélioration du service du tramway, celui-ci arrive jusqu’au Figuier L’Avenir d’Arcachon du 17 août 1919 & 30 mai 1920..

L’année suivante, M. Meller propose que le prolongement de la route de Moulleau soit réalisé à frais communs par sa société, la commune de La-Teste et celle d’Arcachon.

Début 1924, nous suivons des allées couvertes de mousse ou de planches, ce qui rend la marche facile ; nous remarquons la quantité de nouveaux chalets ; nous admirons ce parc merveilleux appelé à un si brillant avenir Article d’Albert Chiché, L’Avenir d’Arcachon du 23 mars 1924.. À l’entrée du parc s’élève un arc de triomphe, non en pierre, mais en bois, arc rustique, exactement situé devant la résidence de M. Veyrier-Montagnères. On se trouve au commencement de la longue avenue conduisant au Figuier, et qui est achevée au-delà, sur une longueur de 800 mètres.

Les travaux de terrassement sont effectués jusqu’au hameau de Pilat, où se trouve l’hôtel-restaurant de Mme Seguin. Cette avenue, bordée de quelques chalets, est vraiment superbe. Au lieu de la suivre, nous tournons à droite pour gagner la plage par une allée recouverte d’un trottoir en bois L’Avenir d’Arcachon du 23 mars 1924..

Sur la demande de la Société Immobilière de Pyla-sur-Mer, Ramon Bon, maire d’Arcachon, soumet à son Conseil municipal le projet de classement de la route privée – 764 mètres environ – reliant le chemin n° 12 (route de Moulleau) au lieu-dit Le Figuier.

Le Conseil général, dans sa séance du 13 septembre 1923, avait déjà envisagé de prendre en considération cette demande de classement dans le réseau d’intérêt commun, sous réserve de l’abandon gratuit à la ville de La-Teste par la société demanderesse du sol à classer, et du vote par les villes de La-Teste et d’Arcachon d’un contingent annuel global de 2 600 francs, à raison de 1 300 francs par commune, la dépense totale d’entretien étant évaluée à 5 200 francs, dont la moitié serait supportée par le budget départemental.

Il est fait état que la ville de La-Teste retire seule les profits résultant de l’établissement de la route dont il s’agit par les droits d’octroi et les impôts de toute nature frappant les immeubles construits sur son territoire.

En outre, pour le transport des matériaux, servant tant à la construction des routes qu’à celle des villas, les charrois empruntent sur plus de 5 kilomètres les voies communales d’Arcachon et contribuent pour beaucoup à leur usure.

Le 11 juin 1924, le Conseil municipal d’Arcachon refuse de faire droit à la demandedu Préfet proposant qu’Arcachon participe à l’entretien de la route du Pyla, qui est sur La-Teste, et rejette, à l’unanimité, la demande de classement dans le réseau d’intérêt commun de la route du Figuier.

Le préfet invite alors la commune de La-Teste à envisager une nouvelle répartition des frais plus favorable à la commune d’Arcachon, mais La-Teste refuse d’engager de nouveaux pourparlers avec Arcachon en raison des termes employés par la municipalité d’Arcachon pour justifier son refus.

L’année suivante, la société immobilière de Pyla-sur-Mer déclare vouloir prendre à sa charge la part attribuée à Arcachon. Elle paierait la moitié du contingent annuel et ferait don de l’assiette du chemin à la commune de La-Teste Délibération du 14 août 1925.. Le 5 octobre 1925, la commune de La-Teste décide de prendre à son compte l’intégralité de la dépense ; le problème est résolu Pyla raconté par Jacques Ragot..

L’Avenir d’Arcachon du 1er février 1925 nous apprend que nous ne verrons plus dans sa guérite de l’octroi L’octroi de La-Teste était situé à la limite du Moulleau et du Pyla. de la route du Moulleau, le brave Dubourg si souvent chansonné dans les revues locales. Il va prendre sa retraite, après quarante-deux ans de bons et loyaux services.

En 1926, cette magnifique avenue n’est pas encore achevée ; on y travaille activement. Elle a déjà une longueur de trois kilomètres environ. Un kilomètre plus loin que la Pergola (actuelle place Meller), l’empierrement n’étant pas terminé, la marche devient difficile D’après L’Avenir d’Arcachon du 30 mai 1926..

En 1926, grâce à Pierre Dignac, Daniel Meller obtient la création de la route reliant le Pyla au Moulleau. Le Conseil général annonce Séance du Conseil général du 9 septembre 1926. que le classement dans le réseau d’intérêt commun, sous le n° 12 (prolongement) et la désignation « du Figuier au Moulleau » du chemin privé du Pyla pourrait intervenir avec effet le 1er janvier 1927. Ce chemin appartient partie à la Société Immobilière du Pyla, partie à M. Debray.

En 1927, la route arrive maintenant à quelques mètres de la dune du Sabloney.

En octobre 1933, le Conseil municipal décide d’attirer l’attention de la préfecture sur la nécessité de faire procéder à la remise en état de la partie de l’avenue Centrale du Pyla située entre l’habitation de M. de Rothschild et l’hôtel D’après L’Avenir d’Arcachon du 26 octobre 1933..

En séance du Conseil général du 7 novembre 1935, alors qu’il faut faire le trottoir et les caniveaux, monsieur Birolet fait observer qu’au fond de l’Entre-deux-Mers, dans une région qui vaut bien celle d’Arcachon, de La-Teste ou du Pyla, il y a encore des routes départementales sur lesquelles les usagers ont le désagrément de sauter d’un nid de poule à un autre et où il est absolument impossible de circuler non pas avec des voitures bien suspendues comme celles qui fréquentent le Pyla ou Arcachon, mais avec une simple camionnette comme celle que je possède par exemple, dit-il. Et les ruraux comprendraient difficilement que le département s’engageât dans une dépense que je qualifie de somptuaire, alors que, dans une autre région, les routes sont complètement détruites et qu’on ne fait rien pour les remettre en état.

 Le cocher chinois

On parlait encore dans les années « 60 » du « Chinois », qui emmenait autrefois en carriole, cabriolet, les « étrangers de distinction » d’Arcachon au Pyla, via le Parc Pereire et les Abatilles Souvenir de Roderic Martin..

En 1862, l’Emmanuel, trois mâts placé sous le commandement de Louis Justin Lallier du Coudray Louis Justin Lallier du Coudray ca 1821-1869 x Amélie Augusta Gréhan ca 1846 est à quai dans le port chinois de Tsin-Hai Port non loin de Shanghai. près de la grande ville de Ningbo Parfois transcrit Ningpo ou Ning Po, en ancien portugais Liampo. qui compte plus de 250 000 âmes.

L’Emmanuel charge des étoffes de soie, de coton, des verres à vitre, des métaux, des équipements d’horlogerie, du thé et de l’opium (cette « denrée homicide » écrivait déjà G. Pauthier en 1861). Embarquent également à son bord des émigrants plus ou moins contraints pour travailler dans les colonies françaises ou anglaises.

L’Emmanuel, les cales pleines à craquer, a levé l’ancre depuis quelques heures en direction de l’Europe. À bord se trouve parmi les passagers, les hommes d’équipage et… les passagers clandestins, un petit chinois âgé de 7 ou 8 ans ; il est orphelin car sa famille a été massacrée au cours d’une insurrection civile entre Taiping et Mandchous La Chine est en proie à une meurtrière guerre civile : les T’ai P’ing (ou Taiping), ou secte de la Grande pureté qui veulent débarrasser la Chine de la dynastie mandchoue et instaurer une société plus juste, se sont emparés en 1853 de Nankin. Ils ne seront vaincus qu’en 1864 par les armées impériales, commandées et soutenues par les puissances occidentales. Ce sont probablement les T’ai P’ing qui ont massacré la famille d’Apion Sylvon..

Apitoyé, le capitaine décida de prendre l’enfant sous son aile qui a l’intention de le placer dès le retour en France dans une famille d’accueil. Au cours de ce long voyage, l’enfant entendit qu’une conspiration menaçait directement son sauveur et l’équipage pour s’emparer du bateau. Il courut l’avertir. M. Lallier du Coudray lui voua une reconnaissance sans faille D’après le témoignage, du 22 octobre 1887, d’Henri de Beugy de Puyvallée, maire de Vouzon (Loir-et-Cher)..

En 1866, ce jeune Chinois est baptisé à l’église Notre Dame de Recouvrance d’Orléans et reçoit les noms d’André Paul ; il croit se souvenir que son nom primitif était Apion Sylvon Ces renseignements sont extraits d’un document de la mairie de Vouzon daté du 22 octobre 1887, contresigné le lendemain par monsieur Pentiot, juge de paix..

Le 23 février 1889, Marie Joseph Paul AndréApion Sylvon se présente au commissariat de Police d’Arcachon et déclare vouloir y résider ; il est célibataire et habite alors rue Sébastopol.

Ceci au conditionnel, il aurait été au service du docteur Amou (serait-ce Hameau), à La Teste-de-Buch, dans les années 1890, mais exercera très vite Vu l’écriteau posé sur la grille de la villa L’Alma, la carte postale peut être datée de 1893. la profession de cocher (ce qu’atteste déjà l’acte établi en février 1889 au commissariat de Police d’Arcachon).

 

Paul André aura trois enfants avec Marthe Duha : Paul né le 17 novembre 1900, Louis, né le 5 février 1904 et Anne Marguerite, dite Anna, née le 8 août 1910. Paul André décède à Arcachon le 12 juillet 1920.

Paul André était dur avec ses enfants comme il était dur avec ses bêtes : un jour, il tue son cheval qui ne veut pas avancer.

Marthe Duha était née le 10 mars 1877 à Onesse-Laharie et, selon le témoignage de sa petite fille Jeanine Tauzin, aurait été la nourrice d’une trentaine d’enfants. Elle avait deux filles, issues d’un premier mariage : Thérèse (qui se mariera avec M. Sabadach, Russe blanc ayant fuit l’U.R.S.S.) et Renée.

Marthe Duha est décédée à Arcachon le 14 octobre 1961.

Paul André apparaît furtivement dans le roman de Marie-Claude Gay, « Les amants du Baïkal ».

Quant au capitaine Lallier du Coudray, il est patron à La-Teste, de la tillole La Marie I.M. Service Historique de la Marine à Rochefort, 12 P2/93, folio 19. du 5 octobre 1868 au 20 septembre 1869, et s’éteint à Arcachon le 31 octobre 1869 dans sa villa Marie-Louise La villa figure sur le plan général d’Arcachon de l’Agence Ducos de 1906. SHAAPB n° 118 & Boyé : Carreyre (ADG, 5 M 319, 1917). située face à la mer, aujourd’hui au 194, boulevard de la Plage ; sur la façade, au-dessus de l’entrée, s’aperçoivent encore les initiales entrelacées : L. C. (Lallier du Coudray).

La Maison Universelle, ameublements complets, s’y ouvre ensuite. Ce magasin est tellement « universel » qu’il se vante dans un guide de 1890-1892 de pouvoir meubler n’importe quel « chalet » en 24 heures, « de quelque importance qu’il soit ».

Les Affaires Maritimes s’installent en octobre 1905 dans « l’immeuble Soulié-Cottineau appelé Maison Universelle » ; la villa est devenue la Maison de l’Inscription Maritime.

Secteurs et quartiers du Pyla

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Développement des infrastructures

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