par | 25 décembre 2015

Historique de la Forêt Usagère

la foret usagereLa Forêt Usagère s’étend sur 3800 hectares au cœur de la commune. Il s’agit d’une des rares forêt naturelle des Landes de Gascogne ; elle a été exploitée pour la résine depuis plus de 2000 ans. Cette forêt n’est pas exploitée dans le cadre de la sylviculture, ce qui lui donne un visage très particulier, que l’on ne trouve nulle part ailleurs dans la forêt landaise.Célèbre parmi les juristes aquitains, elle a engendré de nombreux conflits dont certains sont toujours d’actualité.

Histoire

Ce statut fut officialisé au XVe siècle. Les paroissiens de La Teste, Cazaux et de Gujan (aujourd’hui Gujan Mestras) supplièrent le Captal de l’époque : Jean de Foix-Grailly, de leur donner l’usage de la forêt testerine notamment pour récolter lagemme dont ils tiraient la plus grande ressource. Ainsi la baillette de 1468 reconnait aux habitants le droit de pratiquer le gemmage (moyennant une redevance: le droit gemaire), de ramasser le bois mort pour le chauffage et de couper du bois vert pour construire, avec la permission du Captal. Les habitants sont répartis en deux catégories: les ayants-pins, propriétaires des parcelles et disposant du droit d’extraire la gemme, et lesnon-ayants-pins jouissant du droit sur le bois mort et le bois vert.

Un timide commerce de la résine extraite permet l’enrichissement de quelques marchands. Le statut de la forêt fut menacé à plusieurs reprises : en 1535, Gaston de Foix, Captal de Buch, n’accepte pas de reconduire les droits d’usage, à moins de se voir verser une forte somme d’argent. Il y eut des difficultés également en 1587 avec le duc d’Epernon, égalementCaptal de Buch. En 1604, une transaction confirma les droits acquis, moyennant augmentation du droit gemaire et versement de 1200 livres au Captal. Les transactions de 1604 et 1645 formulent précisément les droits accordés aux habitants. Ils vont tous dans le sens de la préservation du massif, le droit d’usage doit se pratiquer en « bon père de famille », en évitant de dégrader la forêt et en choisissant soigneusement les pins à abattre avec des officiers du Captal. De plus, les usagers doivent combattre les incendies.

Les Captaux de la famille de Ruat, au XVIIIe siècle se sont à nouveau heurtés aux habitants. Ils cédèrent à nouveau en 1746 devant la pression exercée par les syndics des ayants-pins, qui confirmèrent leur droit de propriétaires du sol. Les non-ayant-pins laissés pour compte ont dû composer avec le pouvoir accru des ayant-pins et le droit d’usage devient difficile, voire impossible, à pratiquer. Le rapport de forces s’est inversé, le Captal est affaibli et les ayants-pins triomphent. Une transaction de 1759 entre ayant-pins et non-ayant-pins rétablit l’équilibre entre les deux parties.

Originalités de la forêt testerine

Depuis la fin du gemmage la forêt n’est plus exploitée pour sa gemme, et elle est peu ou mal entretenue : les résiniers qui passant de pin en pin accomplissaient leur besogne, nettoyaient le sous-bois et y faisaient paître quelques bêtes. Ce massif forestier, très riche en flore et en faune abrite un écosystème précieux mais fragile. Sur de vieux pins restent visibles les cicatrices du travail de ces gemmeurs qui, de génération en génération, ont exploité cette forêt pendant plus de 2000 ans. Certains arbres ont tellement été « résinés » que les bourrelets de cicatrisations ont provoqué un élargissement important de la base du tronc. On appelle ces pins des « pins-bouteilles » en raison de leur forme singulière.

La forêt en 1797 et au XX° siècle
Extrait du livre de Robert AUFAN : La forêt Usagère de La Teste de Buch