Le Moulleau et la forêt usagère

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Ch.3 Pyla-sur-Mer, ce n’est plus…
comme avant !

Premier tome : La ville sous les pins, origines et développement
Un livre de Raphaël Vialard (publication limitée – commande par souscription)
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Secteurs et quartiers du Pyla

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Ch.3 Pyla-sur-Mer, ce n’est plus…
comme avant !

Premier tome : La ville sous les pins, origines et développement
Un livre de Raphaël Vialard (publication limitée – commande par souscription)
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 LA DUNE DU PILAT 

Mercredi 10 septembre 1913,

Hier, longue promenade en forêt. La « voiture de sable », avec ses roues massives, ses deux chevaux attelés en flèche, nous a conduits à la Grande Dune du Pilat. Étrange lieu que cette montagne sablonneuse, d’où l’on domine à la fois la mer et la forêt.[…] On a là une impression de désert et de paix Cahiers, Henri de Régnier.

 

 

Un des plus émouvants paysages de France est cette fameuse dune, immaculée, où s’effacent, à mesure, les pas des générations ; toute d’or à midi ; bloc lisse d’argent sous la lune Sablonneuse, R.K., Le Temps du 28 août 1932..

 Extrait de Voyage dans Les Landes

Un homme richissime, un « ayant-pins » Se dit des propriétaires de parcelles dans la « Forêt usagère » de La Teste-de-Buch, propriété soumise à restrictions en faveur des « non ayant-pins »., conduit son fils au sommet de cette dune ; le panorama est magnifique, le banc d’Arguin miroite à l’horizon. Tourné vers la forêt, lui montrant les pins au pied de la dune, lui dit :

 Regarde,… un jour tout cela sera à toi !

À côté d’eux, se trouvent deux hommes, touristes des plus ordinaires, leur regard tourné vers la mer ; le père dit simplement à son fils :

Regarde !

Étant sur la rive occidentale du Bassin d’Arcachon, on aperçoit la haute Dune du Pilat au flanc fauve et pelé. Sabloney est le nom par lequel on la désigne. Élevée comme une petite colline, au regard du navigateur qui vient du Ferret, elle étale sa masse dénudée, blonde et radieuse sous le ciel de midi, les flancs imprégnés d’une nuée pourpre-grisâtre comme celle des déserts d’Afrique.

La croupe massive, dilatée, culmine tout le long du rivage, et déverse son vaste flanc de sable sur le bord du chenal. Du sommet que nous devons gravir, elle s’abaisse vers le nord par une pente à paliers, sur la côte boisée du Pilat, dont le terre-plein tabulaire lentement érodé par les marées, rehausse de quelques mètres, au bord de la plage, son sol peuplé de pins et de villas neuves.

Le pilote nous fait accoster par le nord au pied de la dune, à l’endroit où la forêt riveraine se ravale devant le sable déversé.

La plage est étroite et dominée par une rampe unie de sable qui s’éboule devant le flot des marées hautes ; l’eau de ruissellement suinte vers la base, roussâtre comme l’alios ; et par endroits émerge la tourbe lignitiforme.

L’un des compagnons se met en tête de notre file d’ascensionnistes, et guidés par lui ; nous montons lentement sur une piste qui débouche du bois de pins.

Nous dépassons le palier atteint par le talus qui sans cesse empiète sur le corps de la dune, à mesure que les marées le minent par la base.

Debout sur le bord, nous regardons à nos pieds le pan de sable dévaler d’une belle hauteur jusqu’à la plage ; et nous contemplons le panorama du chenal et des passes enclavant le banc de Pineau et baignant les rives boisées du Cap Ferret, entaillées de toitures, d’où pointe la tour blanche du phare.

En continuant notre ascension, nous parcourons le sol lentement infléchi vers le haut ; nous traversons une aire plane et la pente se relève graduellement pour atteindre la convexité terminale.

Le gourbet, quelque végétation clairsemée jonche cette partie de la dune : aperçue de loin, elle dessine une ligne informe, comme une filandre ligneuse accrochée sur le versant de sable clair.

Plus haut, quelques tronçons de bois mort, décortiqués, implantés dans le sable comme des éperons ou déchaussés par le vent, dardent sous la lumière solaire leurs formes élimées par l’air marin. Arbres de la dune moderne qui ont été ensablés par la dune mobile supérieure, et découverts par elle à mesure qu’elle avance sous la poussée des vents. Quelques-uns ont encore les quarres avec les lamelles de zinc fixées sous la coulée de résine ; et les pots d’argile ont leurs débris dispersés sur la dune.

Le sable est entrainé d’un versant sur l’autre. Deux ou trois dunes semblent s’être superposées ici. Les strates de sable aliothique, brunâtre, partiellement agglutiné, par lesquelles on distingue leurs contours, ont plus de consistance pour les dunes inférieures.

Et l’on voit affleurer sur la plage, comme au Gurp, le sol antérieur à l’avance des dunes modernes. Deux sols antiques sont séparés par une couche de sable épaisse d’un à deux mètres. Le moins ancien est figuré par un alios consistant. L’autre est constitué par la tourbe schisteuse, combustible, dite tourbe lignitiforme, dans laquelle sont enracinés les pins et les chênes non fossilisés, avec les débris d’une végétation de lèdes ou de marais. Enfin, plus bas, affleure l’alios landais, battu par le flot des marées. Le visiteur est quelque peu surpris de voir apparaître ces vestiges d’une forêt antique sous une masse de sable élevée de soixante à cent mètres, réputée la plus haute dune d’Europe. Parvenus sur le faîte, nous avançons jusqu’au bord de l’autre versant. La plongée du sable est réellement impressionnante par l’altitude et par l’obliquité de la pente ; elle présente une conformité de caractères avec l’à-pic d’envahissement des dunes modernes avant le boisement ; et les déformations qu’elle subit ressemblent à celles des autres dunes lorsqu’elles étaient dénuées de végétation. Le sable accumulé sur le faîte par le vent s’effondrait sur l’à-pic d’envahissement en éboulis partiels consécutifs à la surcharge ; de sorte que toutes ces réductions passagères de la crête, occasionnées par l’apport éolien du sable, produisaient un déversement vers le continent.

Du côté des terres, le paysage déroule un vaste tapis de forêt qui épouse le relief et le vallonnement de la chaîne dunaire, et s’étend vers le nord jusqu’aux alentours d’Arcachon. Les hauteurs boisées qui dominent la ville nous dérobent la vue du Bassin ; l’épaisseur des pignadas masque toute trace minime de toitures et d’habitations.

Et l’on découvre aussi quelques échappées sur le lac Cazaux, comme de lointaines flaques argentées.

Vers l’Océan, le point de vue englobe un vaste panorama. Le banc de Pinau, les passes, le cap Ferret, dessinent nettement leurs contours. Le flot uni, très calme en ce moment, équilibre son lustre saturé de bleu pur, contourne tous les replis de rivage et enferme sa nappe au fil de l’horizon. Le banc de Pinau, aplani, étiré, se détache sur le glacis, telle une blonde concrétion émergée des eaux, prolongée au nord et au sud d’appendices comparables à ceux de l’amibe.

Une ardente lumière ravive les claires tonalités de la mer et des plages, que hantent le frôlement des vents et le lointain clapotis de l’eau Voyage dans les Landes et sur le littoral de Gascogne, G. Cazaux, 1932..

Cette montagne de sable qui domine l’entrée des passes, masse mouvante marchant sur Bordeaux, … sans excès de vitesse : d’après les calculs de Brémontier, elle mettra vingt siècles pour y parvenir D’après Dune du Sabloney, L’Avenir d’Arcachon du 24 août 1934..

La dune résulte de la superposition, au cours des siècles, de systèmes dunaires successifs, fixés par la forêt, dont on distingue quatre niveaux principaux – dits paléosols – qui se devinent sur son versant ouest : ils s’échelonnent de – 4000 ans au pied de la dune, niveau à pins sylvestres, chênes, noisetiers, bouleaux et aulnes, à – 3000 ans, entre 2m et 5m au-dessus de la plage, un niveau avec des pins maritimes et sylvestres, puis viennent 2 niveaux à diatomées d’eau douce – reconnaissables à des lignes blanches – qui témoignent de la présence d’un lac daté de 400 ans av. J.C. Grand site de la Dune du Pilat, Carnet de découverte, Syndicat mixte de la Grande Dune du Pilat. une couche du XVIe siècle plus foncée (avec présence de charbon) à plus de 20 m d’altitude, jusqu’à l’an 1860 pour le niveau le plus élevé Datations par analyse palynologiques (Paquereau et Prenant, 1961), par datation archéologiques (Dautant et al. 1983), et radio-analyse (Froidefond et Legigan, 1985)., lorsque les frères Conseil en feront l’acquisition.

Le paléosol I (le niveau inférieur) n’a jamais livré d’occupation humaine. Sur le paléosol II, à plusieurs reprises depuis le XIXe siècle, différents habitats ont été mis à jour : l’occupation la plus ancienne semble remonter au Bronze Moyen, la plus récente à l’époque gallo-romaine.

C’est sous la dune récente qu’on a retrouvé nos hourns (fours) traditionnels. Un four à poix a été trouvé en 1975 par MM. Flies et Labourg en même temps que les «  sols à débris de cuisine » Les sols à débris de cuisine de la grande dune du Pyla, Pierre Jean Labourg, bulletin SHAAPB n°3, 1973..

Ces mamelons étaient en pierre, garluche le plus souvent, grès fossilisé constitué de sable et d’oxyde de fer, avec parfois des pierres de lest apportées par les bateaux. [… ] Ils avaient, dans la partie supérieure, un foyer creusé en entonnoir dans lequel étaient disposées les bûchettes. En partait une canalisation interne qui, à ciel ouvert, se dirigeait ensuite vers un réceptacle extérieur.

Celui du Pilat avait, sur le côté est, un conduit qui devait servir à l’allumage puis à l’oxygénation du foyer Le gemmage et l’utilisation des produits résineux dans la Montagne de La-Teste, Robert Aufan..

Le 20 janvier 1982, un tesson du premier âge de fer apparaît à environ 5 mètres au-dessus du niveau des hautes-mers. Il s’agit apparemment d’un fragment d’urne cinéraire. Les jours suivants un tesson de poterie dite « domestique » et une multitude de débris de vases sont mis à jour.

Début avril 2014, un touriste de Limoges découvre une urne funéraire datant du VIII e siècle avant Jésus-Christ. Ce sont les violentes tempêtes qui ont frappé la côte atlantique qui ont mis au jour cet objet archéologique de grande valeur.

Le vase était recouvert d’un couvercle et accompagné d’un récipient plus petit qui devait conserver des offrandes.

L’urne en céramique contenait des morceaux d’os calcinés, signes de la crémation du corps, restes d’un seul individu, de sexe indéterminé, un adulte probablement de plus de 30 ans, qui présentait de signes de pathologie : arthrose, des pathologies dégénératives, explique l’anthropologue, Florine Sarry.

Elle pourrait aussi être la trace d’une nécropole sur ce site.

Les restes d’un village de l’âge de fer avaient déjà été découverts au pied du parking de la Corniche.

Rappelons que des vestiges d’habitat postmédiéval avaient été découverts, dans les années 1850, par le douanier Duluc, affecté au Poste du Sud, et que le gisement étudié par MM. Fillioux et Durègne, au nord du Sémaphore, s’apparentait aux restes de briquetage de la Tène fouillés dans le Médoc Découvertes protohistoriques à la Dune du Pilat, A. Dautant, Ph. Jacques, A. Lesca-Seigne et J. Seigne, Bulletin de la SHAAPB n° 33, 1982..

Suite de la tempête du 6 décembre 1896, M. Durègne a signalé les faits suivants : des érosions produites par le courant de jusant du bassin d’Arcachon firent découvrir vers 1850 et 1863 près de l’ancien poste des Douanes du Sud et à 500 mètres de l’ancien Sémaphore (10 km au sud du Moulleau), des masses de cendres et de poteries, ainsi que des médailles romaines sur une longueur de plus de cent mètres. Ces vestiges se trouvent sous un lit de tourbe lignitiforme ; la station avait été établie dans une dépression de dunes primaires ; des sables remués par les débuts de l’érosion, quand elle se produisait à quelque distance, recouvrirent les lieux d’une nouvelle dune, érodée depuis à son tour.

M. Durègne, en retrouvant la station, a pu recueillir des silex dans les cendres et constater que les tessons de poterie sont en très grand nombre et de façon le plus souvent très grossière.

Située à 100 km au sud de Soulac-Grayan, cette station préhistorique et gallo-romaine de la côte isolée et sauvage de La-Teste-Arcachon semble susceptibles d’être comparée à celles du Médoc La mer n’empiète pas sur le Pays de Buch, B. de Saint-Jours, SHAAPB, n° 3, 1929. (Voir Actes de la Société linnéenne de Bordeaux, communication du 27 janvier 1897, P.111)..

Sur la plage, entre des plaques d’alios et de tourbe, dégagés par l’érosion marine, émergent des troncs d’arbres, restes de l’ancienne forêt préhistorique qui fut recouverte par des sables mobiles venus de la mer.

En 1914, Édouard Harlé La fixation des dunes de Gascogne, Édouard Harlé, Bulletin de la Section de géographie, 1914. dit avoir eu le plaisir d’y trouver trace de son grand-père, l’ingénieur Jean-Baptiste Partiot, qui, en 1828, avait fixé plusieurs dunes au Sabloney.

Selon l’inspecteur des Eaux et Forêts G. Simon, en résidence à Arès, la grande dune a été ensemencée en pins par les mêmes procédés que les autres dunes en 1829, partie nord, et de 1831 à 1840, partie sud. Elle était alors éloignée du rivage et sensiblement moins haute qu’aujourd’hui. Les semis moins exposés au vent marin qu’ils ne le seraient maintenant ont réussi et le peuplement a pu atteindre, en certains points, l’âge du gemmage.

Suite au décret du 29 avril 1862, l’état des dunes à remettre par l’administration des Ponts et Chaussées à l’administration des Eaux et Forêts nous apprend qu’en 1848, il était urgent d’effectuer des éclaircissages L’Histoire générale du pays, du captalat et des captaux de Buch, d’Albert de Ricaudy, Lettre du 15 mai 1936 restée à l’état de manuscrit. Cote P 294, bibliothèque de Bordeaux- Mériadeck..

L’ensemencement avait donc été une réussite !

En 1855, le Sabloney culmine aux environs de 29 mètres. Ce sont alors le Truc-de-la-Truque (75 m) ou les Monts-de-Lascours (dunes de Lescours – 89 m) qui sont les dunes les plus élevées de l’Europe entière. De ces hauteurs on redescend soit vers l’étang de Cazaux, dont la nappe d’eau transparente couvre des milliers d’hectares, soit vers le rivage de la mer, en face de l’entrée du bassin. En cet endroit, les brisants de la passe, les îles et les îlots qui se forment et se reforment près de l’embouchure, les talus de sable affouillés à la base, composent un tableau changeant que le géologue étudie et que l’artiste admire Le Littoral de la France, Élysée Reclus, Revue des Deux-Mondes, 15 novembre 1863, À l’époque, cette hauteur de 89 m semble marquer en France l’extrême limite ascensionnelle des sables, Étude sur les dunes, Élisée Reclus, 1865..

Aux VIIIe siècle, avant que ne commencent les semis, la dune s’appelle le Sabloney, appellation encore usuelle dans les années qui suivirent la guerre de 1914-1918 ; la carte du Conseil général (1875) et celle du Ministère de l’Intérieur (1890) la nomment Dune de la Grave.

Ce n’est qu’après la création d’une nouvelle station par la société immobilière de Pilat-Plage que l’appellation « Grande dune de Pilat » a prévalu.

Nous avons vu que Le Sabloney a été adjugé à la société Conseil et Cie lors des aliénations du Domaine sous Napoléon II ; très vite, la société Conseil regretta son acquisition : le rivage le long duquel s’étend sa propriété étant soumis à une violente érosion : de 1864 à 1884, la côte a reculé de 100 à 500 mètres suivant les endroits.

La société Conseil et Cie cède alors la partie septentrionale (au nord de Menoy) à M. Daney qui possède les parcelles contiguës en forêt usagère (Hourn peyran et Dulet).

Et que de vieux marins, accourus à la maraude dans leurs barques légères, se souviennent d’être venus chercher aux alentours de la « dune blanche », des arbres entiers qui provenaient de la première ligne de défense, que la mer, en gagnant du terrain, avait décharnés, et qui gisaient là, couchés sur le flanc comme des soldats vaincus Miettes d’Histoire, Albert de Ricaudy, L’Avenir d’Arcachon du 6 juillet 1934..

En 1886, l’Administration supérieure avait ordonné d’urgence l’exécution des travaux de défense contre l’envahissement par les dunes de sable de la grande forêt usagère de La-Teste, entre le Pilat et le Sémaphore Rapport du Conseil général de la Gironde..

La Commission d’agriculture et des travaux publics du Conseil général de la Gironde émet le vœu, le 9 mai 1889, que l’État fasse exécuter, le plus tôt possible, des travaux de défense contre l’envahissement des sables de la dune du Sabloney en vue de préserver la forêt usagère de La-Teste ; l’État y a un intérêt marqué comme propriétaire du massif domanial, mais le Conservateur Cousin estime qu’il n’y a aucune assimilation à établir entre la situation actuelle de la dune du Sabloney et celle que présentaient les sables du littoral au moment où ont été commencés, sous la direction de Brémontier, les travaux d’ensemencement, et il est d’avis de laisser aux propriétaires le soin de se protéger eux-mêmes sauf à leur venir en aide au moyen d’une subvention allouée par l’État Rapports et délibérations du Conseil général de la Gironde, 1889.. La dune du Sabloney est une propriété privée et, si intéressante que soit la situation à laquelle il importe de remédier, l’intérêt général n’est pas en jeu.

En 1890, le vœu est formulé pour que l’Administration fasse le nécessaire pour qu’un accord intervienne entre les propriétaires de la Forêt usagère de La-Teste et MM. Conseil Ce peut être Yves et Alphonse, armateurs à Bordeaux, spécialisés dans le commerce de la résine, fils de Théodore Conseil. En 1863, ils possèdent une usine à La-Teste. propriétaires de la dune de Sabloney, en vue d’assurer l’exécution des travaux défensifs à entreprendre sur cette dune que la mer menace d’une destruction presque complète.

Charles-Guillaume Grandjean nous dit avoir constaté que la dune du Sabloney, que des circonstances exceptionnelles empêchent jusqu’à présent de fixer, a avancé de 50 mètres du mois de mai 1895 au mois de mai 1896 Réponse à la communication de M. Saint-Jours, M. Grandjean, Bulletin de géographie historique et descriptive, 1903..

Joseph Bert note, en 1900, que le boisement de la dune du Sabloney n’empêche pas son ensablement Note sur les dunes de Gascogne, Joseph Bert, Ministère de l’agriculture. Administration des Eaux et Forêts. Exposition universelle internationale de 1900, à Paris..

Une dune nouvelle envahit actuellement la forêt, nous dit Maurice Martin, en 1906.

Les sables, venus de la mer, recouvrent la nouvelle forêt comme ils avaient recouvert la forêt primitive. La dune du Sabloney, appelée quelques fois du Pilat, se dresse éblouissante de blancheur. Là-haut, quelques pins font émerger leurs cimes des sables mouvants, victimes du terrible enlisement, alpinistes audacieux ensevelis dans l’avalanche qui lèvent vers le ciel leurs bras déjà raidis par la mort … Car elle est redoutable, savez-vous bien, la dune du Sabloney … la plus haute de toute l’Europe D’Arcachon à Biarritz à travers les grandes Landes, Maurice Martin, 1906..

La grande dune est une dune qui marche : Picot et Lalesque, syndics des propriétaires de la forêt usagère, déclarent qu’il y a urgence à ce que des travaux de défense soient exécutés dans le plus bref délai, car les sables marchent rapidement et sont aujourd’hui dans la forêt même

Leur lettre est lue devant le Conseil municipal de La-Teste, le 28 octobre 1910, et l’affaire est renvoyée devant la Commission Syndicale de la forêt usagère.

Trois ans plus tard, M. Durègne de Launaguet, en tant que propriétaire dans la forêt usagère, écrit à la municipalité de La-Teste : Les sables qui sont à la veille, et même en train d’ensevelir la forêt usagère, ne proviennent plus du rivage mais simplement de la dune existante. Il serait possible, à mon avis, de fixer ces sables par des semis ordinaires et de protéger ainsi le domaine usager. Toute l’ancienne propriété Conseil est actuellement détruite.

Le 17 janvier 1914, le Conseil municipal de La-Teste lui répond qu’aux propriétaires seuls revient la charge de ce reboisement.

Une forêt aussi
exposée sur un emplacement aussi peu stable exige d’importants travaux de défense et d’entretien. La société Conseil, propriétaire, n’a aucune envie de reboiser (il en sera de même des particuliers qui lui succéderont) ; n’en ayant pas les moyens, se bornant, en vain, à réclamer des indemnités à l’État, ils cherchent à se débarrasser du bébé…

Le 6 juillet 1920, la société Conseil trouve preneur de sa propriété de 372 hectares, dite de la Pointe du Sud, en la personne de la S anonyme immobilière de Pyla-sur-Mer Petites Affiches du 24 novembre 1921. Il est à remarquer l’augmentation de la surface de la propriété qui a gagné environ 5 hectares malgré l’érosion ! Ces terrains qui devaient revenir à Daniel Meller, sont frappés d’une clause suspensive de 1917, en raison de la guerre, puis d’une vente avec réservation de nue-propriété d’un tiers invisible. Source : Louis Gaume, Denis Blanchard-Dignac et Charles Daney, 2006.. Celle-ci s’empresse de diviser le terrain en vingt lots perpendiculaires au rivage et se prolongeant dans la forêt La métamorphose de la Dune du Pilat, G. Cazaux, SHAAPB n° 19, 1933..

À partir du 1er avril 1922, tous ces lots, trouvent acquéreurs ; chacun obtenant, « par-dessus le marché », la portion de sables ambulants qui correspond à son tènement forestier.

Suivant Albert de Ricaudy, quelques-uns habitent la région, les autres éparpillés aux quatre coins de la France n’ayant acheté que pour placer de l’argent sans s’être rendus compte de la nature de leur acquisition

et, au demeurant, sans s’en soucier : ce n’était pas eux qui allaient dépenser de l’argent pour fixer les sables envahissant la forêt usagère de La-Teste !

En 1935, Albert de Ricaudy se félicite de voir des semis et des plantations judicieuses arrêter la marche des sables sur les contreforts de Sabloney, dans la partie la plus septentrionale. Des perrés ont été construits le long du rivage à Pyla-sur-Mer. Ils commencent à atteindre Pilat-Plage. Voilà bien, dit-il, le meilleur obstacle à l’ascension de ces sables dont le réservoir inépuisable se trouve sur la plage. Il suffirait de prolonger ces perrés tout le long de la dune pour que les susdits sables soient arrêtés au pied, et de deux choses l’une : ou ils s’y entasseraient en faisant reculer le rivage, comme cela s’est produit déjà à Pyla-sur-Mer, ou ils seraient balayés et emportés, répartis soit plus loin par les courants, soit au large par la prochaine tempête. Ce procédé est réellement si simple que l’on peut le comparer à l’œuf de Christophe Colomb Miettes d’histoire, Albert de Ricaudy, L’Avenir d’Arcachon du 6 décembre 1935. Christophe Colomb aurait écrasé l’extrémité d’un œuf dur pour le faire tenir debout. Histoire du Nouveau Monde, Jérôme Benzoni, 1565. Jérôme Benzoni prête à Colomb ce qui reviendrait à Filippo Brunelleschi (1377-1446) : c’est en 1420 qu’il participe à un concours pour élever le dôme de la cathédrale « Santa Maria del Fiore » de Florence et propose que le chantier soit confié à celui qui pourra faire tenir un œuf sur la pointe. On devine la suite….

En 1943, Albert de Ricaudy exprime encore sa colère : Nous avons jusqu’ici vainement mis à l’ordre du jour la fixation et l’aménagement très possibles de cette dune qui devrait cesser d’être un danger public pour ne rester qu’une curiosité géographique et une merveille touristique.

Malheureusement, l’État l’a vendue à des particuliers incapables de s’entendre pour les travaux à faire, et lui-même s’en désintéresse sous prétexte qu’elle n’est pas à lui Résumé de l’histoire générale du Pays, du Captalat et des Captaux de Buch, Albert de Ricaudy, SHAAPB, novembre 1943..

 La Citroën-Kégresse P17 contre le Routier du Désert

Revenons à septembre 1921.

Un étrange convoi en provenance de Paris et à destination d’Arcachon traverse les rues de Bordeaux. Il s’agit de trois automobiles équipées du propulseur à chenilles Kégresse-Hinstin.

Adolphe Kégresse avait remarqué que les voitures enlisées ou enfoncées dans la neige s’en sortent lorsque leur marchepied touche le sol.

Il conçoit alors l’idée d’un marchepied mobile. À l’avant, des patins sont fixés à côté des roues à quelques centimètres de hauteur. À l’arrière, un deuxième essieu est fixé en avant du premier, et une bande est placée autour des deux essieux. À l’avant, lorsque les roues s’enfoncent dans la neige, les patins soulagent le poids et la voiture ne s’enfonce pas. À l’arrière les bandes mobiles effectuent elles-mêmes ce travail. Le principe de la chenille est né.

En 1913, Kégresse, alors au service du tsar, dépose un brevet ; il revient en France, en 1919, à la suite de la Révolution d’Octobre. Il rencontre André Citroën qui, toujours à l’affût des innovations et du talent, l’enrôle très vite.

Dès 1921, des voitures sont équipées du système Kégresse-Hinstin.

Citroën crée une filiale de véhicules tout-terrain, finançant par moitié une société pour développer le système Kégresse ; il fait entrer dans la société, pour le dernier quart, un ingénieur, Jacques Hinstin.

André Citroën, qui vient de reconvertir ses usines de guerre du quai de Javel dans la construction automobile, désire expérimenter le système Kégresse dans les sables des dunes de Gascogne. Le 20 septembre 1921, à la demande de l’Artillerie, elles affrontent la fameuse Dune du Pilat, prouvant la parfaite efficacité du système.

Pour la Croisière Jaune, qui sera réalisée en 1931, six Citroën-Kégresse P17 à moteur C4 (quatre cylindres) proches de la série, et une toute nouvelle P14 à moteur C6 (six cylindres) sont prévues.

L’année précédant le départ, Citroën vient tester ce tout nouveau modèle dans la Dune du Pilat.

Le dimanche 27 juillet 1930, l’autochenille quitte le garage de M. Villenave, agent Citroën, 16 avenue Gambetta à Arcachon. Dans ce modèle, carrossé en char à bancs, ont pris place douze passagers, dont un jeune photographe et Félix Frapereau, correspondant du Journal d’Arcachon. Les autres sièges sont occupés par des techniciens qui tous, de près ou de loin, appartiennent à la firme Citroën, tels M. Fourcaud de la succursale de Bordeaux, organisateur du raid, M. Soulier, du Service des études de l’usine de Paris, et bien sûr M. Villenave.

Des expériences ont déjà été tentées la veille.

Celle du 27 juillet commence par une simple promenade sur les plages des Abatilles, du Moulleau et du Pyla où des grappes de baigneurs l’escortent quelque temps.

L’autochenille roule au pied des dunes jusqu’au point choisi pour l’ascension.

Le mécanicien Lévêque, qui est au volant attaque par la plage la pente abrupte de la Dune du Pilat. L’opération est délicate. La voiture presque dressée à la verticale va-t-elle réussir la montée et rééditer l’exploit de 1921 ?

Un instant voici qu’elle glisse à reculons, raconte Félix Frapereau, mais vite elle réagit et d’un suprême effort gagne un proche palier. Un arrêt de quelques minutes s’impose pour laisser refroidir le moteur après ce rude travail. L’eau du radiateur fume et bouillonne lourdement comme une lave en fusion à la bouche d’un cratère.

Lorsque la voiture repart sur des plans moins inclinés, elle accède à des plateaux relativement confortables à condition d’y éviter les plus gros troncs couchés en travers de la marche, certains sables trop mouvants et les rebords de coulées absolument à pic.

Quelques instants d’angoisse étreignent les passagers lorsque la direction se fausse juste à deux ou trois mètres d’un de ces plongeons vertigineux.

Finalement, le sommet de la Dune est atteint, et la descente s’opère sans à-coups Journal d’Arcachon du 2 août 1930, et Six-roues Renault saharienne en visite sur le Bassin, de Marie-Christine Rouxel, SHAAPB, août 2010..

L’une des voitures tracte une assez extraordinaire « maison roulante» à étage pesant trois tonnes et demie.

Le 21 juillet 1961, la Deuche Sahara, dotée … de deux moteurs (un moteur AV et un AR) gravit une pente de 60 % dans le sable de la Dune du Pilat. Il aura fallu quatre heures d’effort pour faire grimper la voiture d’une bonne centaine de mètres.

Pour ne pas être en reste avec son éternel concurrent, Louis Renault, procède, peu après, dans les dunes du Sabloney, à une démonstration de son « routier du désert ». Lancé en décembre 1923, c’est un 10 CV, six roues à double essieu moteur ; les quatre roues arrière à pneus jumelés sont motrices. C’est Eugène Willmann, installé route du Médoc au Bouscat et responsable de la firme pour le Sud-Ouest, qui a fait venir cette voiture sur le Bassin.

Pour nous montrer les capacités de ses machines, Gaston Brisson, directeur de la succursale Renault d’Arcachon Son garage est alors 224 boulevard de la Plage, là où se trouve aujourd’hui le Centre Leclerc. organise, le mercredi 17 juin 1925, une excursion en forêt, non dans les parties que fréquentent les promeneurs, mais à travers les solitudes les plus reculées, les plus sauvages, les plus accidentées.

On partit à 10 heures, sur la voiture qui traversa l’an dernier le Sahara, une 10 HP dont le robuste châssis reposait sur six larges roues. Nous étions neuf, comme les muses.

Au Moulleau, on fit une courte halte pour commander au Grand Hôtel un menu exquis qui devait être servi à midi juste. Puis, traversant en bolide le parc de Pyla-sur-Mer, nous nous engageâmes dans un inextricable fouillis de ronces, d’épines, de genêts, d’ajoncs, utilisant parfois des sentiers qui gravissaient des buttes boisées ou plongeaient au fond des ravins. Notre char d’assaut surmontait en se jouant les plus redoutables obstacles, au grand ébahissement des rares habitants de cette région où jamais aucune automobile n’avait encore pénétré.

L’éminent artiste Léo Neveu prenait des photographies ; l’excellent opérateur Font tournait un film que vous verrez prochainement sur l’écran du Théâtre municipal.

Nous étions parvenus derrière les grandes dunes dont celle du Sabloney est le point culminant. Là, le spectacle était émouvant et grandiose. Arrivés à l’extrémité de la chaîne, nous virions à droite et, roulant le long d’une pente rapide, nous nous trouvions bientôt sur la plage, à l’entrée des passes, tout près de la pointe du Sud.

Il ne nous restait plus qu’à suivre le rivage pour rentrer au Moulleau où nous attendait le succulent déjeuner.

« En avant ! pas de temps à perdre, s’écria le chauffeur. Il est 11 heures 1/2. Nous avons tous l’estomac dans les talons. »

Hélas ! trois fois hélas, notre invincible machine allait être vaincue par les sables mouvants. Une première fois ses roues patinèrent puis s’enlisèrent. Il fallut descendre, déblayer avec une pelle et pousser de toutes nos forces réunies. On parvint à repartir. Deux kilomètres plus loin, nouvel arrêt, nouveau départ après de longs efforts.

Un peu plus loin, la bête rétive entra dans les flots, s’inclina sur le côté gauche et refusa d’avancer.

Il était quatorze heures ; un soleil farouche versait sur nos têtes des rayons brûlants ; une soif ardente, une faim féroce nous suppliciaient d’autant plus que nous songions à l’excellent déjeuner qui nous attendait, au champagne qui rafraichissait dans les seaux à glace.

Alors, j’avoue à ma honte que je commis un acte de lâche désertion. Abandonnant mes compagnons d’infortune qui suaient en poussant aux roues, je pris le chemin de la Pergola où je parvins, après une heure de marche, épuisé de chaleur et de fatigue. Bientôt j’étais attablé à l’ombre des pins, dans le délicieux cottage de l’ami Gaussail et je vidais une bouteille de vin blanc en dévorant tous les plats avec un appétit formidable.

À l’heure où j’écris ce récit, j’ignore le sort des naufragés. Ont-ils servi de pâture aux crabes et aux puces de mer ? Furent-ils assez heureux pour regagner le port du Moulleau ? Dans le doute, je vais faire brûler un cierge, à leur intention, sur l’autel de la madone miraculeuse.

Au dernier moment, je suis heureux d’apprendre que, sans aucune intervention divine mais par ses propres moyens, la six roues parvint à reprendre sa marche et arriva triomphalement, quoiqu’un peu tard, au Grand-Hôtel du Moulleau  où l’on célébra joyeusement cette victoire de la fameuse firme Renault. Il convient d’en féliciter M. Gaston Brisson, pilote aviateur, directeur du garage arcachonnais, qui conduisit l’expédition avec une rare compétence. Debout à l’avant, il n’a cessé, dans la traversée des broussailles forestières, de nous mettre en garde contre les branches dangereuses balayant la surface et c’est grâce à sa vigilance que nous ne fûmes pas éborgnés Une excursion sur la six roues Renault, Albert Chiché, L’Avenir d’Arcachon du 21 juin 1925..

Dans la six roues Renault qui fit la traversée du Sahara, pilotée par l’intrépide Liocourt de la mission Gradis-Estienne Gaston Gradis (1889-1968) est issu de la famille d’armateurs bordelais. Fils de Raoul Gradis et de Suzanne Fould, neveu de Georges Schwob d’Héricourt et cousin germain de la baronne Germaine de Rothschild, il épouse la fille de Henry Deutsch de la Meurthe, puis la fille du général Jean-Léonard Koechlin. Son fils, Henri Gradis, administrateur de sociétés, est marié à Bernadette Servan-Schreiber (sœur de JJSS). Gaston Gradis dirige du 15 au 24 novembre 1924 l’expédition de la première traversée en voiture du Sahara du nord au sud à laquelle prirent part notamment Henri de Kerillis, le maréchal Louis Franchet d’Espèrey, le commandant Ihler, ainsi que René et Georges Estienne, fils du général Estienne. Ces derniers avaient participé, du 17 décembre 1922 au 7 janvier 1923, à la première double traversée du Sahara en autochenilles au sein de la mission Citroën., nous avons parcouru mercredi notre admirable forêt, de Pyla-sur-Mer à Peyroutas.

C’était la seconde excursion forestière après celle du Sahara. Elle comprenait, en plus du chauffeur et de l’aimable directeur du garage Renault, le docteur Philippot qui nous électrise tout de suite par sa verve gasconne, Damoy-Picon Parmi les plus jeunes élus municipaux aux élections dernières, on cite M. Gustave Damoy-Picon, élu à Arcachon (Liste de concentration républicaine et de défense des intérêts d’Arcachon, menée par Georges Eyssartier), qui est né le 7 mai 1900. Source : Le Journal du 17 mai 1925. Sa mère, Blanche-Marie, dite Blanchette Picon, veuve d’Alfred Damoy, puis de Paul Brustier, habite en 1933 avec son époux, Louis Théodore Gonfreville, au 55 coursx avier Arnozan à Bordeaux. Louis Théodore Gonfreville est directeur gérant de la S Picon & Cie ; il assure la direction de la maison de Bordeaux. (Journal du Loiret du 23 avril 1932). qu’on met entre le docteur et Daniel Valleau pour amortir les chocs, tandis qu’Eyssartier En 1906, Georges Eyssartier avait pris les rênes des Nouvelles Galeries d’Arcachon. Vice-président du groupe du Sud-Ouest de l’Union nationale des combattants. qui nous guide magistralement avec sa carte d’État-Major de la grande guerre, sert de tampon entre Neveu et moi.

Nous passons à toute vitesse devant les cabanes de Milet, Menoy, Le Casino, Les Gaillouneys, Les Gramuges, la Salie, Le Brioule, où des résiniers et des résinières ahuris nous voient défiler en nous prédisant que nous n’irions pas plus loin. Les vaches sauvages apeurées comme les fauves que Liocourt rencontra au Sahara, fuient sous les admirables sous-bois de chèvrefeuilles et de fougères.

Nous arrivons à Peyroutas, dans ce nid de verdure, sur la dune qui plonge dans la limpidité du lac de Cazaux et où se dresse accueillant le toit de L’oustaoü de Daniel Valleau, nommé premier magistrat de ce paradis landais par les écureuils et les tourterelles sauvages. Les résiniers arrivent en courant pour préparer le déjeuner dans la grande cheminée rustique.

Damoy offre le Picon Il s’agit de l’Amer Picon : avec l’aide de son fils Honoré et le concours de ses gendres : MM. Bouchy, Court, Damoy et Ducreux, Gaétan Picon installait une distillerie et une fabrique d’eau gazeuse à Bône dans la rue Damrémont. Voir l’arbre généalogique page suivante., en attendant que Picon nous fasse goûter les merveilleux foies gras de Damoy Il fait probablement référence aux produits de l’épicier « Julien Damoy », oncle de Gustave Damoy-Picon. Julien Damoy (1844-1941) avait acheté le château de By, à Bégadan, où il décèdera..

L’apéritif à la résine nous suffit et nous courons, Neveu et moi, à la recherche des bœufs sauvages à prendre en photo. Nous n’avons que l’embarras du choix. Là, c’est un groupe de jeunes résinières, qui montraient l’opulence de leurs formes dans l’ampleur des pantalons bleus ; plus loin, c’est une vieille bergère à cheval sur une jument landaise et qui conduit, pour tout le village de Cazaux, le troupeau de vaches, de taureaux et de veaux roux vers le truc de Maubruc qui s’avance dans l’étang, entre la prairie des nénuphars et des iris jaunes.

Une jolie résinière sonne le déjeuner avec le bourdon d’une vache sauvage.

On se met à table. Les gourmets d’Arcachon savent ce que signifie cette expression quand Eyssartier est parmi les convives. Il en aurait remontré à Brillat-Savarin. Nous réjouirons les gourmets gascons en leur apprenant qu’il prépare un livre de recettes des plats du pays, avec un conseil général… sur l’art culinaire. J’ignore s’il y aura un chapitre sur la cuisine électorale, mais je sais bien qu’il pourra y faire figurer le menu de Peyroutas parmi ceux dont se souviendront longtemps les pèlerins de cette seconde excursion, qui nous l’espérons ne sera pas la dernière.

La maison Renault doit en effet organiser, à prix abordables, des excursions à travers cette forêt vierge que nous devons d’autant plus aimer et respecter que tout ce qui est Vierge devient de plus en plus rare L’oasis après le désert, Guy de Pierrefeux, L’Avenir d’Arcachon du 28 juin 1925..

De part sa robustesse et ses capacités de franchissement, la Renault se révéla bien plus efficace que la Citroën dont les chenilles n’étaient que feu de paille par rapport aux pneus basse pression du Renault.

Les Auto-Circuits Nord-Africains, filiale de la Compagnie Générale Transatlantique, s’équiperont de ces voitures pour traverser les plus hautes dunes de sable du Sahara. Cette excursion sera l’un des points forts des voyages touristiques.

Arbre généalogique de la famille Picon

Gaëtan Picon 1809-1882 &1847 Émilie Giraud 1824-1872

Virginie Antoinette Picon ca 1840-1841

Marie Picon 1841-1904 & 1860 Hyppolite Lavigne 1830-1860

1862 Eugène Marcelin Court 1833-1900

Augustine Julie Picon 1843-1845

Julie Augustine Picon 1845-1905 &1864 Eugène Bouchy 1834-1893

Honoré Picon 1847-1905 &1871 Blanche Picon 1847-1896 (cousins germains)

Blanche-Marie, dite Blanchette Picon & Alfred Damoy

Paul Brustier

Louis Théodore Gonfreville

Gaétan Picon 1871-1896

Félix Picon 1874

Marie-Thérèse Picon 1877-1878

Marie-Thérèse Picon 1878-1955 &1896 André Louit 1868-1955

(Chocolat Louit, de Bordeaux)

Honoré Louit 1900-1981 &1926 Simone Laroque 1906-1932

(dcd et inhumé à Arcachon)

1933-1934 Monique Fischer

1945 Claire Ducani †/1977

1976 Annick Gennevaux

Laurentine Picon 1849-1913 &1867 Gustave Barnabé Damoy 1834-1888

Émile Étienne Damoy 1868-?1889

Camille Henriette Damoy 1870-1871

Alfred Damoy & Blanche-Marie, dite Blanchette Picon

Gustave Damoy-Picon 1900

Marceline Picon 1852-1904 &1870 Louis Ferdinand Letellier 1842-

Alexandrine Picon 1853- &1872 Louis Antoine Alfred Ducreux 1844-1882

Marie Thérèse Camille Picon 1855-1914 &1872 Louis Noël 1849-

 Prenons de l’altitude

Qu’allait donc faire La Condamine au Pérou, en 1735, Maupertuis, Clairaut, Camus et Le Monnier, en Russie, en 1736, La Caille au Cap de Bonne-Espérance, en 1752, Méchain et Delambre en Espagne La Condamine est désigné pour vérifier l’hypothèse de Newton relative à l’aplatissement de la Terre dans les régions polaires. Maupertuis, Clairaut et Le Monnier se rendent en Laponie pour mesurer plusieurs degrés du méridien sur le cercle arctique. La Caille explore systématiquement tout le ciel austral. Mechain et Delambre se sont illustrés par la mesure qui a donné naissance au mètre. en 1799, … et Ferradini et Farrouil, à la dune du Sabloney, en 1932 ?

Ce qu’ils allaient faire avec leurs équipes d’arpenteurs ? Arpenter, mesurer, substituer des précisions à des imprécisions, des vérités à des légendes, faire œuvre scientifique. En envoyant ces savants en Amérique, en Afrique, à l’étranger, le gouvernement français faisait œuvre publicitaire. Croyez-vous que la publicité arcachonnaise n’ait rien gagné aux heures perdues par nos ingénieurs sur la grande Dune du Pilat ?

La marche de la grande dune

C’est ainsi que le dimanche 11 décembre 1932, dès l’aube, notre groupe d’arpenteurs part d’Arcachon en direction du Pyla. À leur équipement, les six pionniers MM. Robert Ferradini, directeur des travaux municipaux de 1929 à 1933, A. Farrouil, son adjoint, ainsi que leurs deux aides que la municipalité a autorisés à participer à cette intéressante opération scientifique, Bosmaurin et le promoteur de l’expédition. Mme Ferradini écrivait des poésies sous le pseudonyme de Claude France. L’Avenir d’Arcachon du 8 mars 1935 qui la composent ont tout l’air de partir en expédition scientifique.

En effet, sept kilomètres durant, du clocher de Notre-Dame à la cabane de Menoy Sur la carte dressée en 1922 lors de la transaction, la parcelle est attribuée à M. Rodrigues. – qui est aux trois quarts ensablée – on les voit tirer, au tachéomètre autoréducteur Sanguet, un magnifique alignement ; puis sur cette base, élever profils en longs et profils en travers ; puis viser successivement le clocher de Saint-Ferdinand, le phare du Ferret et le sémaphore pour recouper leurs angles.

Ce canevas géodésique a pour but la mensuration de la Dune du Pilat.

Déjà, le 11 septembre, des repères avaient été pris sur des arbres pour contrôler, trois mois après, la marche des sables La dune avance vers l’est d’environ 4 mètres par an, recouvrant la forêt, des cabanes anciennes et des fours à goudron ou d’extraction du sel marin dont les vestiges réapparaissent, au fil du temps, sur le flanc ouest..

Le 11 décembre, deux de ces arbres ont étés retrouvés tels quels ; trois désensablés de 8 à 27 centimètres, et trois ensablés de 7 à 10 centimètres.

Pittoresque d’ailleurs autant que pénible, l’expédition de décembre à travers les tourbillons de sable qui, soulevés par le vent, obligent les opérateurs à s’envelopper la tête à l’arabe, les pauvres opérateurs qu’un malentendu a laissés sans vivres en plein bled jusqu’à une heure assez avancée de la journée. Stoïque, le promoteur de l’expédition, rejoignant vers trois heures le restaurant, refuse toute nourriture, malgré les instances de son compagnon, M. Bosmaurin Propos tirés de l’Avenir d’Arcachon des 18 décembre 1932 et 15 janvier 1933..

Le 11 mars 1933, ils récidivent ! La dune a 112 mètres 319 millimètres de haut et elle a avancé, au détriment de la forêt, d’exactement 112 mètres 80 centimètres depuis 1922 D’après L’Avenir d’Arcachon du 14 mai 1933..

Toujours en 1933, MM. Baure et Duthu ont retrouvé cinq des bornes de lotissement, posées en 1922, a des distances du talus d’éboulement relevées alors et par conséquent connues. Les autres bornes du même côté étaient déjà, depuis plus ou moins longtemps, ensevelies. En outre, ils ont mesuré la distance depuis la façade occidentale d’une cabane située dans la clairière de Menoy jusqu’au pied de ce talus.

La Société historique et archéologique d’Arcachon et du pays de Buch reprend ses observations sur la marche envahissante de la Dune du Pilat. Le 15 octobre 1935, MM. de Ricaudy, Prévost et Duthu, propriétaire de terrains sur et au pied de la dune, se rendent sur les lieux.

Depuis 1933, à l’endroit où la dune est le plus élevée, les sables mobiles se sont rapprochés, de dix mètres en deux ans et demi, des substructions encore visibles de la cabane de Menoy maintenant démolie.

En 1932, un certain nombre d’arbres avaient été marqués à un mètre du sol sur le pourtour du talus. Les membres de la Société constatent que toutes les marques sont maintenant ensevelies sous le sable, sauf celles qui se trouvent sur les arbres situés du côté du chemin d’accès, aux points culminants, ménagé par la Société Immobilière de Pilat-Plage. Il faut en conclure que, partout ailleurs, la dune a couvert, depuis 1932, au moins un mètre de forêt de plus.

Les bornes de 1922 servant de repère, la borne n° 1, la plus rapprochée au sud de Menoy, qui était, en mars 1922, à 48 mètres du pied de la dune, n’en est plus aujourd’hui qu’à environ 10 mètres ; la borne n° 3, qui était à 90 mètres, n’en est plus aujourd’hui qu’à environ 30 mètres ; la borne n° 4, qui était à 145 mètres, n’est plus qu’à 33 mètres ; enfin la borne n° 5, qui était à 155 mètres, n’est plus qu’à 37 mètres.

Il est à remarquer que face à la borne n° 2, et d’après le plan reproduit dans le n° 19 de la revue de la Société Historique, se trouvait, en 1922, un cap, une pointe plus avancée que le reste de la dune dans la forêt. À droite et à gauche de cette pointe et d’après les chiffres ci-dessus, on constate que les sables comblent leur dépression et rattrapent la dite pointe, dont la marche s’est ralentie.

D’une façon générale, d’après les calculs faits depuis quinze ans, l’avance des sables est d’un peu plus de 8 mètres par an.

M. Farrouil, ingénieur, directeur des travaux de la ville d’Arcachon, doit prochainement procéder à une mensuration trigonométrique de l’ensemble de la Dune du Pilat. On sera ainsi fixé sur la translation et la surélévation de la prodigieuse montagne de sable depuis 1932 D’après La Croix du 22 octobre 1935, et l’Avenir d’Arcachon du 1er novembre 1935..

N’oublions pas qu’en 1830 la dune, dite du Gaillouneys, culminait à  … 30 m !

On lit 76 m en 1851 sur la carte d’État-major n° 56, mais, en 1855, le Sabloney plafonne aux environs de 29 mètres !

Elle s’élève à 44 mètres sur la carte des Ponts & Chaussées de 1875.

La Truque de Pelouze, situé en arrière, sert d’amer Aux VIIIe et jusqu’au milieu dux IXe siècle, il se peut que la « Truque de Pelouze » (notre « Truc de la Truque ») situé à l’est de la dune du Sabloney, fut le point le plus haut de la forêt et des dunes environnantes. De ce point, toute la forêt mais également le Bassin et l’Océan étaient visible à tel point qu’il servait d’amer.. Anatole Bouquet de la Grye, note cette possibilité dans ses instructions nautiques : On viendra chercher la passe de Flamberge en courant à l’est sur la Truque de Pelouze (morne élevé à pentes rapides qui se trouve dans le sud d’Arcachon) jusqu’au moment où le phare du cap Ferret se trouvera ouvert d’un quart Terme de marine dont l’origine est le « quart de vent », secteur d’1/32e de la, couvrant un angle de 11°15′ délimité par deux directions du vent. dans l’ouest de la pointe de Bernet (notre plage Pereire actuelle) et de l’église de Notre Dame d’Arcachon.

Si on consulte la carte marine dressée par Anatole Bouquet de la Grye, on peut remarquer que, si on se place à la « bouée de l’Entrée » de la passe de Flamberge, l’on vient juste de dépasser l’alignement formé par la croix située à la pointe du Cap-Ferret et l’église Notre Dame d’Arcachon ; la « Vigie » n’est autre que l’Observatoire « Sainte-Cécile » situé en Ville d’hiver. Anatole dessine aussi une cabane située sur le rivage, au sud du « Moullo » ; ce pourrait être le « Corps de garde du Pilat » qu’il signale sur sa carte marine.

Le niveau du Sabloney augmente ensuite d’une façon spectaculaire : Durègne de Launaguet, en 1900, lui donne la cote 100.

On lui attribue 118 mètres au début du XXe siècle.

Puis, elle se stabilise : l’ingénieur Farrouil lui trouve une altitude de 112,379 mètres, en 1933, et de 113,81 mètres en 1936.

Le 13 octobre 2015, au petit matin, des géomètres-experts, armés de moyens technologiques dernier cri, dont un drone, mesurent 110,9 mètres de haut, 2915 mètres de long et 616 mètres de large à son maximum Sud-Ouest du 12 février 2016..

Dans son « Histoire des dunes maritimes de la Gascogne », paru en 1942, le conservateur des Eaux et Forêts, Pierre Buffault, explique : Cette dune a été autrefois boisée. Elle fut comprise dans les aliénations de 1861-1864. Les acquéreurs n’en ont pas entretenu la couverture végétale ; la mer l’a rongée à la base et mis en mouvement le sable que le vent a retroussé sur le versant de la dune peu haute au début. Le sable s’est amoncelé sur les bois qui garnissaient la dune, les a ensevelis et peu à peu, la montagne arénacée et nue s’est exhaussée …

Le sable proviendrait de la destruction de la presqu’île du Bassin du Pilat, qui s’étendait aux VIIIe siècle en avant de la côte actuelle, et de l’apport constant de son sable par le vent.

L’exhaussement de la dune aurait été encore plus considérable si tout le sable transporté était demeuré au sommet, mais il poursuit sa route et va recouvrir les forêts anciennes et nouvelles qui bordent le pied est du Sabloney.

En 1933, la forêt (usagère) menacée trouve un défenseur en la personne du président de la Société Historique du Pays de Buch qui se fait le champion du reboisement de la grande dune pour arrêter son avancée vers l’est : Nous avons mesuré M. Farrouil avait été commandité par la société Historique du Pays de Buch, présidée par Albert de Ricaudy., écrit-il dans la revue de sa société, cette avance verticalement sur les pieds des pins et horizontalement grâce aux bornes posées dans la forêt en 1922 pour le compte de la Société Immobilière de Pyla-sur-Mer par M. Baure, géomètre à Arcachon, bornes dont les distances du pied de la dune, à cette époque, étaient reportées par lui sur un plan. D’après mes calculs, et selon les endroits, nous avons constaté qu’un pin adulte est enseveli dans une moyenne de trente ans. D’après les mesures prises par nous en 1932, nous avons su que l’avance du talus d’éboulement a varié en dix ans, de 3,40 mètres à l’endroit où elle est la plus lente, jusqu’à 112,20 mètres au lieu où elle est la plus rapide … 112 mètres en dix ans donne 11,20 mètres par an, plus d’un kilomètre par siècle.

Souvenons-nous qu’en 1932 la maison de Menoy était aux trois-quarts ensevelie.

À cette date, depuis six mois, le chemin de La-Teste aux Gaillouneys, qui passait devant, était coupé par le sable et son tracé avait été déplacé ; la ligne téléphonique, qui aboutissait à l’ancien poste des Douanes du Sud, a été ensevelie par la dune Histoire des dunes maritimes de la Gascogne, Pierre Buffault, 1942..

Albert de Ricaudy conclut que la Dune du Pilat doit être fixée, complantée et aménagée au plus vite.

Le 25 janvier 1939, enfin convaincu, le Conseil municipal de La-Teste, considérant que les sables de la grande dune envahissaient dangereusement la forêt usagère demande au service de l’Agriculture de prendre des mesures.

L’impartialité oblige à reproduire les observations de l’ingénieur des Eaux et Forêts, Simon, suivant lesquelles les craintes formulées dans la revue historique du Pays de Buch au sujet du caractère envahissant de la dune du Sabloney sont, sans aucun doute, fondées. Le mal n’est cependant pas si grand qu’il apparaît pour plusieurs raisons.

La dune du Sabloney, actuellement peu mobile, est une dune à avancement lent. Elle fut boisée autrefois, ce qui donne une résistance sérieuse à sa désagrégation…

D’après Brémontier, les dunes avancent de 10 toises par an, soit 19,50 mètres. Or, les levées de l’ingénieur Farouil démontrèrent que l’avancement de la Dune du Pilat est sensiblement moins grand, en moyenne de 8 à 10 mètres par an. La mer rongeant la dune, l’avancement à l’est n’est-il pas compensé par le recul à l’ouest et, sans faire preuve d’un optimisme excessif, ne peut-on pas estimer qu’il est heureux qu’une masse énorme de sable se maintienne en place sur un espace aussi réduit. La dune sera plus dangereuse le jour où elle se désagrégera. Ayant perdu la régularité de sa forme et partagée par des «siffle-vent Un « siffle-vent » est le nom donné à la déflation qui se produit lorsque le vent passe entre deux obstacles. Il se produit alors, entre les deux parois, un effet de soufflerie qui entraîne le sable vers l’intérieur des terres.», elle avancera rapidement vers l’est.

Ainsi alerté, le service de l’Agriculture ne prit … aucune mesure !

Grâce à Dieu, le Sabloney resta « en plan » comme l’espérait l’ingénieur Simon, ce qui permit aux Allemands durant les années 1940-1944 d’y monter un observatoire.

L’Observatoire de la côte aquitaine a évalué le déplacement de la dune à une vitesse variable de 2 à 10 mètres par an : les 400 premiers mètres depuis la Corniche reculent de 4 mètres par an, en moyenne, tandis que le sud, sur plus d’un kilomètres, de 2 mètres par an ; la partie centrale avance vers la mer de 1,5 mètre par an. Elle culmine, en 2016, à 109,2 mètres contre 108,9 mètres cinq ans plus tôt Mesures effectuées au GPS différentiel. Source : Sud-Ouest du 11 octobre 2016..

Le 5 juin 1943, la dune est inscrite à l’inventaire des sites pittoresques, depuis Menoy jusqu’à l’hôtel de la Corniche.

Grand site national

Pour être particulièrement protégée, sans pour autant la soustraire à la fréquentation touristique, la dune est classée Grand site national, en 1978 ; elle est le seul site d’Aquitaine retenu.

Comme bien souvent, les financements ne sont pas au rendez-vous et il faut attendre 1985 pour voir se réaliser une première tranche de travaux qui a vu l’aménagement, en 1986, sur une parcelle de 10 ha, des parking, sentier piétonnier de 400 m, pavillon d’accueil, poste de secours, blocs sanitaires, galerie commerciale d’une dizaine de commerçants, aire de pique-nique et sentier botanique.

Pyla est alors une station touristique florissante : 10 hôtels (239 chambres), 1568 résidences secondaires et 4 campings qui totalisent 3850 places en 1987 ; la dune accueille 1 million de visiteurs par an.

En 1994, pour contenir l’avancée des sables vers Pilat-Plage, l’Office national des Forêts s’efforce de remodeler le profil de la partie nord de la dune. Des palissades en bois, appelées ganivelles ou « barrières de gironde », sont installées pour retenir le sable, et des oyats sont plantés, réussissant à fixer deux hectares.

Un Syndicat Mixte de gestion du Grand site, en gestation durant plusieurs années, est créé le 26 décembre 2007 entre les 3 principaux partenaires concernés (commune de La Teste-de-Buch, Région, Département). Il prend en charge la gestion de l’aire d’accueil.

Le lundi 12 novembre 2012, la convention pour une deuxième Opération Grand Site de la Dune du Pilat est signée.

Cette convention prévoit :

– la maîtrise foncière publique de la dune et de ses abords, grâce notamment à l’engagement du Conservatoire du Littoral.

– la poursuite de la restauration du dispositif d’accueil (réhabilitation progressive du village commercial), en améliorer la valeur scientifique et culturelle (explication donnée au visiteur sur l’origine de la dune, sur son image…), et étendre les parcours de visite (faire prendre conscience de la longueur du massif dunaire…).

– l’intégration de la visite de la Dune du Pilat à celle de l’ensemble des patrimoines culturels et naturels du bassin d’Arcachon, dont la Dune est le « point culminant ».

En 2015, par l’intermédiaire du Conservatoire du littoral et du Syndicat mixte de la Grande Dune du Pilat, l’État entreprend de racheter 400 hectares de terrains à 150 propriétaires.

L’opération bouleverse les avantages acquis et avive la charge affective de ses habitants.

Cinquante-cinq ans, assis sous une tonnelle dans une zone pavillonnaire de Mérignac, le « seigneur des sables » Thierry D. a tiré un trait sur son royaume en avril 2015. Avec ses six frères et cousins, il a vendu 120 hectares. Un crève-cœur pour ce descendant des « ayants pins », ces familles bénéficiant des fameuses baillettes gérant la Forêt usagère de La-Teste.

Depuis les années 1970, les propriétaires bâtisseurs et les usagers s’égratignent autour d’une autre bataille : les permis de construire. Avantage aux seconds qui ont fait classer le site par les Monuments historiques.

Aujourd’hui, les mêmes sont les plus virulents opposants au rachat par l’État.

L’État s’est donné deux ans pour acheter toute la dune, qui restera ainsi inconstructible. Cela permettra aussi de mieux gérer l’accueil du public.

La dynamique créée par la Convention a permis de déposer auprès du Ministère de l’Écologie une demande de label « Grand Site de France Le label « Grand Site de France » est attribué par le ministre chargé des sites à un site classé de grande notoriété et de forte fréquentation. L’attribution du label est subordonnée à la mise en œuvre d’un projet de préservation, de gestion et de mise en valeur du site, répondant aux principes du développement durable.  Créé en Novembre 2000, le Réseau des Grands Sites de France est une association qui regroupe les organismes locaux chargés de la gestion des sites qui ont obtenus le label Grand Site de France ou qui travaillent à l’obtenir. » faisant ainsi de la Dune du Pilat le premier site en Aquitaine à bénéficier de cette reconnaissance nationale d’excellence au regard du développement durable.

 On y a vu l’infant d’Espagne…

Le professeur de médecine bordelais Eugène L. loue le château de Saujean Orthographié Sogeant par l’I.G.N. à son voisin de la place Fondaudège, Amédée Balaresque ; sa famille y passe les vacances et, en 1924, reçoit Jaime, infant d’Espagne.

Jaime de Bourbon et Battenberg, Infant d’Espagne, est né le 23 juin 1908 au Palais de la Granja de San Idelfonso près de Ségovie. Il est le fils du roi Alphonsex III et de la reine Victoria Eugénie, née princesse de Battenberg, petite-fille de la reine Victoria. Il avait un frère aîné Alphonse, prince des Asturies et quatre frères et sœurs cadets : Béatriz, Cristina, Juan (comte de Barcelone, père du roi Juan Carlos) et Gonzalo.  En 1912, l’Infant devient sourd-muet à cause d’une otite mal soignée, suivie de complications.

Une escapade à la Dune du Pilat scelle l’évènement.

 … et d’autres

En 1925, le photographe Emmanuel Rudnitsky, alias Man Ray, photographie Helen Hessel Helen, née Grund, Berlinoise, fille d’un banquier prussien protestant «infatigable coureur de jupons », mère de Stéphane Hessel ; sa vie tumultueuse a inspiré le film « Jules et Jim » qui raconte le ménage à trois qu’elle forme avec Pierre-Henri Roché et son mari Franz Hessel, officiellement à partir de 1920 : lire Henri-Pierre Roché, profession écrivain,x avier Rockenstrocly, 1996. correspondante de mode de la Frankfurter Allgemeine Zeitung, allant prendre son bain.

Dans les années 50 ou 60, le photographe de mode Georges Dambier (1925-2011) sublime le mannequin Katherine Pastrie au milieu de la dune.

Ou encore, ce sont les nonnes immortalisées par Franck Horvat, en 1928.

On y rencontre les peintres Salvador Dali et Léonor Fini, l’écrivain André Pieyre de Mandiargues, et Elena Ivanovna Diakonova dite Gala, en 1939.

Le Moulleau et la forêt usagère

CH 2

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Premier tome : La ville sous les pins, origines et développement
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Secteurs et quartiers du Pyla

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